Le Musée L de Louvain-la-Neuve

Le Musée L de Louvain-la-Neuve

Le charme de Louvain-la-Neuve est indéniable. Cité wallonne créée en 1970, elle séduit d’abord par ses agréables parcs et ses petites rues piétonnes. L’effervescence étudiante, alliée à un réseau de bâtiments contemporains et une multiplicité de places animées, confèrent à l’ensemble une convivialité sans pareille.
C’est dans ce même esprit de chaleur et de partage que s’est inauguré, le 18 novembre dernier, le Musée L de l’Université Catholique de Louvain-la-Neuve.

Un cadre superbe

Il fallait un écrin à la hauteur de l’ambitieux projet. La bibliothèque de l’université, bâtiment emblématique de la ville, apparaît comme le choix idéal tant elle exhale de beauté. Conçue par l’architecte André Jacqmain, elle se distingue dans le choix des matériaux mêlant béton brut et formes courbes. Sa monumentalité surmontée d’un toit en versant plutôt surprenant (à une époque où la mode des toits plats prédomine) achève de parfaire son identité visuelle.
Cette architecture remarquable mais très typée ne semblait cependant pas propice à la réception de collections. Un minutieux travail de réaménagement a donc été entrepris : il s’agissait surtout d’adapter l’édifice aux contraintes muséales, tout en préservant ses qualités esthétiques. Les rénovations intérieures et extérieures ont permis d’optimiser et de sublimer ce cadre exceptionnel.

Des collections plurielles

La diversité patrimoniale du musée est époustouflante. Sur les quelques 3800 mètres carrés accessibles au public se côtoient plus de 1500 œuvres (sur les 32 000 inventoriées), issues de tous horizons et de toutes périodes. Cette hétérogénéité s’explique en premier lieu par une multiplicité de provenances. Les collections du Musée L se constituent à l’origine de plusieurs ensembles ayant appartenu aux fonds anciens de l’Université Catholique de Louvain. Ces fonds sont le résultat d’une longue séries d’initiatives menées par les professeurs, convaincus de la nécessité pour les étudiants de côtoyer des objets authentiques durant leur cursus. Les cours d’archéologie accumulent par exemple dès 1864 des moulages de sculptures antiques. Tombés en désuétude, ils enrichissent par la suite les collections. Alimentées au fil du temps, celles-ci accueillent bientôt de nouvelles pièces : objets ethnographiques africains, artefacts traditionnels d’Extrême-Orient, spécimens naturalisés, instruments scientifiques…

Les collections grandissent et attirent également de grands mécènes qui offrent leur patrimoine à l’université. Le Fonds Suzanne Lenoir dote le musée de 1500 estampes. Il comprend parmi ses pièces des maîtres de la gravure tels que Dürer, Rembrandt, Canaletto, Goya
La collection Noubar et Micheline Boyadjian ajoute une touche d’originalité avec sa thématique axée sur la peinture naïve et l’art populaire européen.
Réunissant un panel impressionnant de productions issues des cinq continents, recouvrant une période allant de la Préhistoire au XXe siècle, les œuvres constituaient par la suite un véritable défi scénographique.

Une scénographie inventive

On ne peut qu’être frappé par l’audace et l’originalité du parcours muséographique. Contrairement à bien des musées, où la rigidité institutionnelle peut rebuter, le Musée L apparaît accueillant et chaleureux. Le concept de maison d’hôte rêvée s’affirme par une entrée largement ouverte, une multiplication d’espaces confortables et intimistes, ainsi qu’un jeu sur la lumière. Les œuvres dialoguent avec la monumentalité de la bâtisse et s’inscrivent délicieusement dans ses courbes et ses lignes de force.

Impertinence remarquable, le travail sur la relation du visiteur à l’œuvre. Ici, point de vitre qui obstrue la jouissance des tableaux. Ni de cordons de sécurité qui induisent une mise à distance de l’Art. Le concept de proximité y est plus que jamais encouragé, et le visiteur peut même toucher certaines pièces telles que les moulages par exemple.

Mais si l’on ne devait retenir qu’une chose de la muséographie, ce serait celle-ci : le choix d’articuler les œuvres autour d’une problématique : « Qu’est ce qui poussent l’Homme à inventer et créer ? ». Fractionnée en cinq élan, les collections sont rythmées par des titres forts : S’étonner, Se questionner, Transmettre, S’émouvoir et Contempler. Ces titres permettent l’union et le dialogue d’œuvres rigoureusement différentes. Cela permet également d’exposer les collections dans toute leur diversité et originalité, sans aucune classification préconçue.

Le musée L initie donc un musée d’un nouveau genre : un musée qui ébranle les règles institutionnelles, un musée à l’écoute des préoccupations humaines et surtout un musée convivial que l’on visitera une fois, deux fois, dix fois, avec le même enthousiasme que les débuts.

Musée L
Place des Sciences, 3, bte 2
1348 Louvain-la-Neuve
Du lundi au vendredi de 9h30 à 18h30
Du samedi au dimanche de 10h30 à 18h30.

Lauréana Lebrun, étudiante en peinture et arts graphiques à l’IESA.