Nadia Léger

Nadia Léger, l’Histoire extraordinaire d’une femme de l’ombre

A l’entrée des locaux d’Artcurial deux jeunes femmes en uniforme encadrent la haute porte de verre. Voici comment débute l’exposition en l’honneur de Nadia Léger, Nadia la Rouge, Madame Fernand Léger, à l’occasion de la sortie d’un livre sur son histoire. Pourquoi madame Fernand Léger? parce qu’il s’agit là d’une femme de l’ombre, une femme qui, ancrée dans un milieu d’hommes de culture, n’a vécu très longtemps que dans l’ombre des hommes de sa vie.

Dans un monde où l’on n’est que « la femme de », où l’on peint « à la manière de », où la femme n’est presque que mère, il est bien difficile d’y laisser sa trace.

Pourtant Nadia tend peu à peu à devenir Nadia la Rouge, en quête d’identité par la peinture de portraits elle se fait témoin d’une époque grâce aux visages, à ce qu’ils expriment de plus émouvant et de plus dur, Nadia se fait témoin de l’histoire au service de l’Union Soviétique et de la paix.

Les débuts de sa carrière elle sont emprunts de cubisme, comme le montrent ces sublimes aquarelles.

Nadia la Rouge œuvra en faveur de l’URSS: il fut même question qu’elle illustre les affiches de propagande, comme le montre son projet d’affiche pour le PCF Lorsqu’elle rencontre Fernand, elle côtoie la société pro-soviétique française.

Elle rend donc hommage à ces hommes de la lumière depuis son ombre par l’art du portrait; Leonid Kogan, Picasso, Marc Chagall, Lénine.

Une femme apparaît cependant parmi cette galerie masculine. Maïa Pissetskaïa. Ici les couleurs sont plus douces, les lignes courbes, l’expression sereine, la posture légère. Peinture émouvante, instant saisi du ballet le Lac des Cygnes, qui dénote presque, seule sur son mur blanc, dans cette marée du rouge communiste.

Peinture de l’âme, unique, le Cygne Maïa est sensuel et élégant. Par ce mouvement tendre Nadia s’émancipe. La femme de l’ombre entre dans la lumière par sa poésie, et même si le monde soviétique fit d’elle une peintre engagée, cette œuvre ouvre la porte à la poésie pure.

Sous la plume d’Aymar du Chatenet, grâce aux archives fournies par les descendants et les historiens, Nadia Léger, L’histoire extraordinaire d’une femme de l’ombre, la peintre prend la lumière qu’elle n’a que trop peu reçue de son vivant. Relié, ce livre de grand format vous replongera dans sa peinture et dans sa vie, son engagement.

Disponible à la librairie d’Artcurial 61 avenue Montaigne à Paris, ainsi que dans les librairies sur commande, aux éditions Imav, 150€. https://librairie.artcurial.com/livre/9782365901376-nadia-leger-l-histoire-extraordinaire-d-une-femme-de-l-ombre-collectif/

Sixtine Bénatier