Loin des yeux… ?
Tout a commencé il y a trois ans, quand est confiée à Lucienne Forest une carte blanche au sein de la Maison de Victor Hugo par la Mairie de Paris. Celle qui n’est ni historienne de l’art ni commissaire d’exposition, accepte et c’est là que débute cette grande aventure.
Avoir carte blanche c’est bien, mais avec un thème c’est encore mieux ! Plongée dans sa vie passée, Lucienne trouve son sujet grâce à celui qui lui a appris la différence entre voir et regarder, son grand-père. Ainsi naissent les prémices de l’exposition « Regards ». Au cœur des collections des musées parisiens, Lucienne fouille et découvre des œuvres de toutes sortes. Elle en choisit une, puis deux, puis trois… Tout cela, en un seul coup d’œil, en un seul regard. Ce regard qui prend de plus en plus de place, il est partout, tout le temps, il nous accompagne et nous guide. Il peut aussi nous perdre parfois dans l’obscurité, dans la colère ou la jalousie, mais il peut nous apporter beaucoup de joie et de lumière. Le regard c’est le monde et à travers cette exposition, c’est un regard sur le monde, sur les autres et sur les individus ou encore sur soi-même auxquels nous sommes confrontés.
Comme vous l’aurez compris, cette exposition nous invite à découvrir des œuvres d’art avec et par le regard, celui des artistes au fil des siècles, mais également à travers votre regard et ainsi donner un nouveau sens à ce que vous contemplez. C’est avec un parcours de quatre salles, toutes uniques et surprenantes, que Lucienne Forest souhaite que vous déambuliez. Tout d’abord en étant confronté à vous-même, avec l’autoportrait où trône des œuvres de Rembrandt et de Bourdelle, vous questionnant sur l’image que vous renvoyez, sur l’image que vous voyez.
Savez-vous faire la différence entre voir et regarder ? Lucienne, elle, le sait. Et c’est avec l’adage de son grand-père qu’elle vous fait poursuivre le parcours : une pièce remplie de miroirs et d’œuvres que nous sommes invités à épier, analyser, entrevoir… Comme la Baigneuse Surprise de Jules Dalou, que nous ne pouvons observer qu’à travers des ouvertures, tels des voyeurs.
Le regard, c’est aussi ce que nous pensons voir, ce que nous imaginons. Dans cette troisième salle, vous êtes invités à voyager au cœur de l’imagination des artistes tels que Victor Hugo ou Odilon Redon. C’est à vous, d’appréhender autrement ce que vous voyez, de voir ce qui est invisible, de rêver… Les rêves font d’ailleurs partie intégrante de nos vies et cela depuis l’Antiquité, accompagnés de ces mythes et légendes. Dans cette ultime salle, ces mythes sont mis en dialogue avec notre réalité. Ainsi, le mythe de narcisse fait écho à la nouvelle mode des selfies, celui de Méduse est confronté à notre peur du regard des autres…
« Regards », ce n’est pas une exposition comme les autres. Collective et participative, elle s’affranchit des règles habituelles en invitant des non spécialistes à vous raconter le déroulement du projet et de parler au nom de Lucienne Forest. Oui, Lucienne Forest, la vraie, n’était pas là, mais une ribambelle d’autres Lucienne étaient présentes pour parler en son nom pour nous raconter son histoire, nous faire découvrir le regard qu’elle porte sur ce projet et sur sa réalisation. Mais également sur le regard qu’elle porte sur votre nouvelle manière de voir et de regarder, grâce à cette exposition.
Manon Quantin
Du 17
février au 5 juin 2022
Maison
de Victor Hugo, 6
place des Vosges, 75004 Paris
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h.