Le Retour, de Bruno Duhamel
Rarement une bande dessinée est autant proche de ce qui se passe dans l’actualité et ce, quelle que soit la période.
Chacun en prend pour son grade dans cet univers pas si paradisiaque que pourrait l’être une île. Mais le principal n’est pas là.
Qu’en est-il du rôle de l’artiste – si rôle il a – ? Son statut lui donne-t-il tous les pouvoirs ? Peut-il changer le monde ? L’artiste dépend-il de quelqu’un ou de quelque chose, de celui qui s’en sert ? Plusieurs questions sont soulevées dans cette magnifique bande dessinée, plusieurs sujets aussi.
Qu’en est-il de la notion de chef d’œuvre ? En quoi les épreuves des jeunes années, les non-dits, … influencent la vie d’adulte ? L’émotion est constante sous les voiles de la violence.
Je ne peux m’empêcher de penser à l’œuvre de Paul Gaughin, D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?, quittant la France pour Tahiti en 1891, à la recherche d’une société plus fondamentale et simpliste. En addition à plusieurs autres peintures de sa création qui expriment une mythologie hautement individualiste, il commença cette peinture en 1897 et la finit en 1898, la considérant comme un chef-d’œuvre et l’apogée grandiose de sa pensée. Elle représente le cycle et le sens de la vie.
Certes, ici, Cristobal, l’artiste, retourne dans son île natale mais les fondamentaux se rapprochent.
Les planches sont composées comme un tableau à part entière. En fonction de l’époque, des interlocuteurs, des lieux,… les couleurs et la typographie diffèrent, rendant ce livre très vivant, semblable à un film dont nous sommes spectateurs, seulement spectateurs hélas.
L’histoire :
Sur une île volcanique imaginaire, le célèbre peintre Cristóbal meurt violemment dans un mystérieux accident de voiture. Sa notoriété et son action politique donnent à cette mort un retentissement tel que la police est contrainte d’ouvrir une enquête. Le peintre a en effet réussi à se créer une véritable collection d’ennemis parmi les investisseurs et les industriels locaux et étrangers. Un inspecteur reçoit alors la lourde charge d’aller fouiller le passé de l’un des hommes les plus puissants (trop peut-être ?) de ce morceau de lave perdu au milieu des océans
L’auteur :
Bruno Duhamel arrive à l’âge de 13 ans à Paris. Le bac en poche, il s’inscrit à la Faculté d’arts plastiques de l’Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne, tout en suivant les cours de morphologie de Jean-François Debord à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Il entre ensuite à l’atelier de bande dessinée d’Angoulême, connue comme l’École européenne supérieure de l’image, où il rencontre quelques illustres professeurs tels que Dominique Hérody, Gérald Gorridge, Thierry Smolderen ou Claude Richard, ainsi que des étudiants tels que Jean-Emmanuel Vermot-Desroches, Djozépé, Tristan Lagrange, Natacha Sicaud ou Dan Christensen. Il achève ses études à la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image).
Le Retour
Scénariste et dessinateur : Bruno Duhamel
Editeur : BAMBOO – Collection : GRAND ANGLE
Sortie en février 2017
Véronique Grange-Spahis