Rodin, l’exposition du centenaire
2017 célèbre le centenaire de la mort d’Auguste Rodin, décédé le 17 novembre 1917 à son domicile-atelier de Meudon, à l’âge de soixante-dix-sept ans.
Incontournable à plus d’un titre, cette exposition met en regard des œuvres de Rodin et d’autres artistes influencés par lui. Elle offre au visiteur un parcours engagé et, aussi, un peu trop subjectif. Mais là c’est le choix des commissaires et vue l’étendue de son travail, il était difficile de ne pas l’être.
L’exposition met en évidence l’univers créatif de Rodin, ses rapports avec le public et la manière dont les sculpteurs se sont appropriés son esthétique. Riche de plus de 200 œuvres de Rodin, elle comprend aussi sculptures et dessins de Bourdelle, Brancusi, Picasso, Matisse, Giacometti, Beuys, Baselitz, Gormley… et renouvelle le regard porté sur ce géant de la sculpture. Rodin, comme Monet, a connu et connaît toujours une célébrité mondiale. A chaque génération, il a fasciné le public.
Nombreux furent les artistes à se mesurer à son esthétique, s’en inspirant ou en prenant le contrepied. Rodin explore toutes les facettes de la sculpture : de l’assemblage à la figure partielle en passant par le collage, pratiques reprises par Matisse et Picasso. Son usage du dessin devance les grands expressionnistes germaniques, son rapport à la photographie annonce celles de Brancusi ou de Moore.
Rodin, la force de l’expression
A partir des années 1880, Rodin est salué comme celui qui a rendu vie la sculpture : « de conventionnelle, la sculpture s’est faite expressive ». Le corps fournit le vocabulaire des passions humaines, un expressionnisme rodinien s’impose. C’est aussi la période des « dessins noirs » – peu connus, peu vus – qui nourrissent l’univers de sa future Porte de l’Enfer.
Rodin expérimentateur
L’exposition de son œuvre, que Rodin organise à Paris en 1900 en marge de l’Exposition Universelle, le place au premier plan de la scène artistique. Il y montre un aspect inédit de son travail à travers des séries d’œuvres en plâtre – son matériau de prédilection : matière immaculée faite pour cet art de la lumière et de l’espace. L’exposition de 1900 révèle un processus de réinvention permanente, fondamentalement expérimental. L’artiste assemble parfois des éléments incongrus, procède par répétition, fragmente les formes, repense l’insertion des sculptures dans l’espace. Le succès rencontré implique une multiplication des versions, toutes différentes, le sculpteur faisant à chaque étape évoluer sa pensée.
Une salle de l’exposition évoque l’univers d’un collectionneur d’aujourd’hui, dans laquelle les œuvres de Rodin se mêlent à celles de ses contemporains. Que reste-t-il de cette sensibilité expressive et lyrique ? Elle apparaît dans des œuvres ou des mouvements divers qui partagent le rejet de la géométrie et de l’idéalisme, la revendication d’une approche libertaire et antirationaliste.
Jusqu’au 31 juillet 2017
Grand Palais Galeries nationales,
3 Avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris
Ouvert les dimanches, lundis et jeudis de 10h à 20h. Les mercredis, vendredis et samedis de 10h à 22h. Fermé tous les mardis.
photos : Véronique Grange-Spahis