Sans Nom, de Nayla Maalouf Guillemin

« Le temps n’existe plus. Tu es mon présent venu du passé, pour me sauver d’un futur foutu. Je t’aime Laurent, en continu, entre toi et moi il n’y a jamais eu de cassure, juste une rivière d’éternité. »

« Sans Nom » est une nouvelle sur la passion amoureuse qui conduit à la folie, à l’aliénation d’un couple d’amants enchevêtrés dans leur solitude intérieure.
Elle, femme bafouée par un mari volage, a tout quitté pour son amant.
Lui, l’amant, ignoré, désaimé par des parents divorcés, plonge ingénument dans les méandres de cette passion offerte.
Du Jardin des Plantes à l’Hôtel Normandie, ce couple éphémère, éternel, destitué, reconstitué nous entraîne dans une improbable déserrance des corps fusionnés, enlacés, lassés, ennuyés, enchaînés…
Un amour fou qui mènera le toi et moi au précipice du nous, sur les rives d’un pacte indicible sans nom.

La plume de Nayla Maalouf Guillemin est habitée, ciselée, piquante. Un style très personnel qui nous embarque vers un territoire déjà connu mais totalement réinventé par la jeune écrivaine. Un espace où les sentiments s’affichent, s’affirment, s’exaltent, convulsent, se taisent… L’auteure joue avec les mots, livrant au lecteur un texte empreint d’émotions et de sensualité, et marque ainsi sa narration d’un sceau poético-sensible ultra contemporain.

« Oh ma Zoé, où m’as-tu emmené ? Je t’aime autant que je te hais. Je te regarde dormir, ton corps m’est céleste, je respire ton repos comme un souffle sur mon épuisement ».

Résumé : Après « Quarantaine » ( http://itartbag.com/quarantaine/ ), la seconde partie du diptyque consacré à l’être dans une relation d’amour rappelle « Belle du Seigneur » d’Albert Cohen par la pureté folle de la passion que Zoé et Laurent se vouent l’un à l’autre, et l’impact ravageur du trope du « couple modèle » de « Gone Girl » de Gillian Flynn. Une nouvelle ciselée comme une météorite, qui tombe face la première sur nos enjeux humains les plus poignants.


Nayla Maalouf Guillemin est également une artiste-peintre engagée et pacifiste, d’origine libanaise, qui trouve son inspiration entre le Liban, les Etats-Unis, l’Afrique et Paris. L’illustration de couverture du recueil « Sans Nom » est l’une de ses œuvres, et d’autres sont révélées à l’occasion de l’exposition hommage intitulée « Beyrouth » (http://itartbag.com/un-hommage-a-beyrouth/) à la Galerie Terrain Vagh (24 rue des Fossés Saint Bernard) à Paris (visibles jusqu’au 13 juillet 2021).

Véronique Ridel

Sans Nom, de Nayla Maalouf Guillemin, Illustré par Norma Alouf
Editions des Bords de Seine, Paru en avril 2021 – 10 €