Chercher une exposition à aller voir, la choisir, y arriver, découvrir les lieux, arpenter les couloirs, prendre tout son temps pour se délecter de cet art qui nous est partagé…
Ne perdez pas une minute de plus pour enrichir votre vision du romantisme, mouvement culturel qui dialogue entre peinture, littérature et musique.
Car c’est exactement ce que vous offre le musée de la Vie romantique en mettant au cœur de son exposition une thématique emblématique de la première moitié du XIXème siècle : les tempêtes et les naufrages.
En effet, l’océan dans toute sa force, cet élément changeant, tantôt apaisant ou terrifiant qui nous subjugue tous, fut un moyen pour les artistes de refléter l’âme romantique en mettant en lumière ce regard porté sur la nature et les paysages maritimes.
Tempêtes et Naufrages. De Vernet à Courbet convoque une soixantaine d’œuvres de plus de trente artistes du XVIIIe et XIXe siècle et donne une perception large et complète de ce mouvement au nom évocateur de l’amour.
Cette présentation réunit de nombreux peintres et écrivains amoureux, fascinés et envoutés par la mer. De ceux-ci, on peut citer Théodore Géricault, Gustave Courbet, Joseph Vernet ou encore Alphonse de Lamartine, Denis Diderot et Victor Hugo.
Pour que le visiteur s’imprègne tout à loisir du romantisme, il pourra se laisser porter par plusieurs textes littéraires qui content la mer lus par Guillaume Gallienne et transportés par la bande sonore conçue par la Médiathèque musicale de Paris. Un parcours qui vous invite à un voyage initiatique, qui retranscrit toutes les inspirations artistiques du romantisme.
Ce parcours muséal s’effectue en trois étapes dans trois pièces différentes pour distinguer trois thèmes artistiques de la tempête et du naufrage : Aux sources de la représentation de la tempête – Le spectacle de la tempête en pleine mer – Après la tempête : épaves et naufragés
Aux sources de la représentation de la tempête
C’est à partir du XVIIIe siècle, moment où les voyages et le commerce maritime se développent, que les tempêtes et les naufrages deviennent l’un des sujets incontournables des peintures maritimes. La mer devient alors un espace d’inspiration avec son décor unique qui dévoile pléthores d’émotions.
Partant des récits bibliques pour expliquer l’impuissance de l’homme face aux catastrophes naturelles, les représentations de tempêtes s’éloignent peu à peu d’une mise en scène dramatique à laquelle on ne croit pas vraiment pour devenir théâtrale grâce à Joseph Vernet, peintre de marines de Louis XV.
Grâce à lui, les scènes de tempêtes et d’orages deviennent un genre à part entière avec sa description précise de la nature, la notion du pathétique au centre de l’œuvre, une composition qui montre la passion du peintre : c’est le début du romantisme.
Le spectacle de la tempête en pleine mer
Cet espace nous livre des tableaux plus sombres qui nous plongent dans la violence extrême de l’océan, cette immensité dangereuse dénuée de présence humaine illustrée par Paul Huet, le grand rénovateur du paysage maritime.
D’autres peintres comme Gustave Courbet, Eugène Isabey ou encore Louis Garneray annoncent l’impressionnisme par leur exécution plus libre et plus abstraite des formes, de la couleur et de la lumière.
La mer orageuse est montrée comme un espace inquiétant où l’homme est impuissant face à elle, cette vaste étendue maritime qui a le pouvoir de nous engloutir.
La présence de bateau disparait progressivement pour placer les spectateurs en pleine mer, celle-ci devenue beaucoup plus sombre et tourmentée.
Nous vivons la tempête fantasmée par ses artistes.
Le radeau de la Méduse (quatrième esquisse dite esquisse Bessonneau), de Théodore Géricault, clôture ce spectacle de la tempête en pleine mer pour donner à voir les prémisses des représentations des naufrages et naufragés.
Ici, la mer et le ciel sont peu visibles, ce sont les expressions humaines qui sont montrées. Géricault met en scène l’espoir du radeau tout en critiquant les affres de la marine, dénonçant son incompétence.
Après la tempête : épaves et naufragés
La dernière partie de l’exposition nous amène aux dégâts de la tempête, ses morts, ses naufragés, ses épaves. Le rapport à la mort est abordé dans tout son pathétisme.
Le ciel est plus clair, la mer est plus calme mais les victimes de la tempête sont nombreuses.
Pierre-Émile Berthélémy représente une épave d’un bateau échoué avec ses mats brisés, sa marchandise perdue, son marin mort et son chien le pleurant.
François Nicolas Feyen-Perrin peint un homme mort couché sur le sable au bord de l’eau. Ce tableau est original parce qu’il est peint à la façon académique des beaux-arts : le naufragé est nu, sa posture est étrange, son corps est d’un blanc nacré comme les statues.
Ary Sheffer et Evariste Luminais mettent, eux, en scène ceux qui restent, notamment la veuve et l’orphelin, un sujet apparu dans la seconde moitié du XIXe siècle où la société laisse place aux aides sociales.
La tragédie humaine des disparitions en mer et l’expression exacerbée du sentiment de perte l’emportent alors sur les tourments de la nature. Le drame romantique fait place au pathétique et au sentimentaliste. Il signe la mort de la tempête.
Le musée de la Vie romantique avec son hôtel particulier charmant, ses jolies fleurs aux couleurs de printemps et son intérieur chaleureux vous invite dans un espace où la nature est reine, où elle se déchaîne aussi – avec cette exposition – dans toute sa splendeur sans se soucier de l’Homme si minuscule face à sa grandeur.
Mathilde Nicot
du 19 mai au 12 septembre 2021
Musée de la Vie romantique, Hôtel Scheffer-Renan, 16 rue Chaptal, 75009 Paris
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h.
pour réserver votre billet : https://museevieromantique.paris.fr/fr/expo_tempetes_et_naufrages