Le dernier livre de Tatiana de Rosnay mêle réflexions sur notre monde, émotions d’une femme mature et descriptions d’une société ultra-robotisé, l’ensemble baigné d’une angoisse sourde qui monte au fil des pages.
« Les Fleurs de l’ombre », c’est une surprenante histoire qui se déroule dans un Paris futuriste qui se remet de terribles attentats et des affres d’une extrême pollution, où les abeilles ont disparu, où la population subit le dérèglement climatique et la pollution.
L’héroïne, Clarissa, femme mûre, écrivaine évolue dans cette société nouvelle où les fleurs n’existent plus, les fruits n’ont plus le goût d’antan et où le miel naturel vendu sous le manteau coûte plus cher que le caviar. Quant à la population rivée sur son téléphone portable, elle ne trouve plus le temps de lire des livres. Les librairies ferment les unes après les autres. Dans ce Paris avant-gardiste, la recherche d’un appartement est plus que jamais difficile, or Clarissa est dans l’urgence, elle quitte son mari, pour un fait qu’elle ne peut révéler à ses proches. C’est le premier suspense ! Elle emménage dans un appartement ultra moderne, où l’immeuble entier est réservé aux artistes. La CASA, société gestionnaire se présente en tant que mécène, souhaitant aider les artistes dans leur création, pour ce faire le bâtiment dispose de toutes les nouvelles technologies, dont une salle de bain qui enregistre votre poids, votre tension et une assistante virtuelle qui gère le quotidien. Les interrupteurs n’existent plus, la porte s’ouvre par reconnaissance de l’iris. Ce lieu semble idyllique.
Mais, dans cet endroit aseptisé, sophistiqué, ultra-moderne se trame quelque chose d’insaisissable. Au fur et à mesure que le personnage principal se pose des questions, se sent observé, nous devinons, pressentons que l’histoire ne raconte pas uniquement les états d’âme, le passé de Clarissa.
Non, il se trame autre chose, lentement, insidieusement, le lecteur ressent le malaise de l’héroïne.
Et c’est la réussite de Tatiana de Rosnay, avec un suspens digne d’un polar, elle aborde les affres de la maturité, de la déception amoureuse, les cicatrices du passé, l’absurdité d’un monde ultra-technologique qui sera bientôt le nôtre. Bref, c’est excellent, vous allez dévorer « Les Fleurs de l’ombre ».
Barbara Ates Villaudy
Les Fleurs de l’ombre par Tatiana de Rosnay
Coédition Robert Laffont et Héloïse d’Ormesson
336 pages, 140 x 225 mm, 21.50 €
Format numérique 14.99 €
Livre audio 20.90 € dès le 9 avril 2020
Tatiana de Rosnay © Charlotte Jolly de Rosnay .jpg