Marie Bovo, Nocturnes – Martine Franck, Face à face

Née à Alicante en Espagne, Marie Bovo est une femme de la méditerranée et ses photographies le montrent bien. Représentée à la biennale de Venise en 2011 et à de nombreuses rencontres artistiques internationales, c’est à Marseille – source intarissable d’inspiration – qu’elle a élu domicile. Du 25 février au 17 mai, une partie de son travail est exposé à la Fondation Cartier Bresson au côté d’une série de portraits de Martine Franck, co-fondatrice du lieu.

Figure phare du huitième art, Martine Franck s’est mise à la photographie dans les années 60 à la suite d’un voyage en Orient. Dans ses Face à face en noir et blanc, elle place l’humain au cœur de son œuvre, en posant sur ceux qu’elle photographie « un regard amical » comme le qualifiait Robert Doisneau. Une trentaine de clichés sont exposés et dévoilent stars de cinéma, écrivains, artistes comme la réalisatrice Agnès Varda et le peintre Marc Chagall. On y trouve par ailleurs un autoportrait avec son époux Henri Cartier Bresson.

De son côté Marie Bovoréalise Nocturne, un ensemble de grands formats développant au cours des cinq séries une esthétique des ruines, dévoilant entre autres la beauté des murs décrépis d’Alger, le linge étendu aux fenêtres et les vestiges d’un camp de roms.  

Dans la série En Suisse- Le Palais du roi, elle immortalise les murs d’un kebab éponyme disparu aujourd’hui. Ce lieu de rencontre, alors tenu par un Franco-Egyptien était ouvert jusqu’à deux heures du matin et accueillait la population métissée de Marseille. C’est sur le décor que la photographe a souhaité poser son regard, tant il parait en décalage dans la forme et en harmonie dans le fond avec l’usage du lieu. Sur les murs, entre miroirs et colonnes ioniques en bas-relief, des carreaux de céramique datant de 1895 illustrent la fondation mythologique de Marseille.

Comme elle l’explique dans le texte à coté des images, lors du changement de propriétaire il y a quelques mois, le fast food a été totalement rénové, et les céramiques recouvertes par des placoplâtres. Ses photographies sont un témoignage, un regard nostalgique sur un lieu disparu mais aussi un appel lancé envers les politiques culturelles qui n’ont pas pris suffisamment en considération la richesse et les enjeux du lieu.

Violette Engrand

Du 25 février au 17 mai 2020

Fondation Cartier-Bresson, 79 rue des archives Paris 75003

Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 19h.