La vie après la vie 1/6

La vie après la vie 1/6

Depuis la nuit des temps, l’Homme se pose la seule question  qui vaille vraiment d’être posée : celle de sa condition de mortel. Ne dit-on pas d’ailleurs que c’est ce qui le distingue des autres espèces qui peuplent notre belle planète. Du plus sage des philosophes au plus audacieux des scientifiques, du religieux empreint d’une foi indéfectible au plus simple quidam contemplant l’immensité et la majesté de l’univers, tous à un moment de leur vie tournent et se retournent sur leur couche pour tenter de cerner le sens de l’existence. Depuis  le siècle dit des Lumières, la problématique n’a de cesse d’être évacuée. L’Humanité a inexorablement versée dans un scientisme à tout crin. La pirouette consistant à affirmer que la science se suffit à elle-même pour tout expliquer. Nul besoin de Dieu, d’un créateur puisqu’on finira par comprendre le moindre mécanisme de chaque particule de matière comme les lois qui régissent les mouvements à l’échelle de l’infiniment grand.

Peu à peu nos sociétés se vautrent dans un matérialisme conduisant aux pires excès. Et le plus étonnant jaillit d’une relecture attentive de nombreux textes sacrés ; beaucoup, et plus particulièrement ceux des grandes religions monothéistes, annonçaient une apostasie de Dieu -quel que soit le nom qu’on lui donne- au bénéfice d’un humanisme où l’Homme serait le centre de tout, sans nul besoin de transcendance. Force est pourtant de constater que la civilisation assise sur le trio science-technique-technologie n’engendre pas le bonheur. Le vingtième siècle concrétisa dans une violence inouïe, jusqu’à l’horreur absolue de la Shoah, ce qu’on peut qualifier d’idéologie d’un humanisme sans Dieu. On prêche désormais le chacun pour soi, le plaisir immédiat, le vivre au jour le jour. Le consumérisme aveugle jusque dans la sexualité, laissant à la surface de la Terre et des cœurs des plaies béantes. Le fossé se creuse toujours davantage entre nantis et laissés pour compte. Les conséquences environnementales s’avèrent catastrophiques et irréversibles. Les habitants de la planète se trouvent désorientés, courent en tous sens sans parvenir à trouver une issue à cette fuite en avant. Comment ne pas s’interroger alors sur les prétendus motifs religieux qui animent l’intégrisme et le terrorisme qui gangrènent le Monde depuis quelques décennies ?

Les attentats du 11 septembre 2001 et ceux qui ont suivi, la multiplication des catastrophes météorologiques ont résonné (raisonné ??) comme autant d’avertissements sans que l’Homme n’ait encore trouvé les clés pour résoudre l’équation. De très nombreuses voix s’élèvent pourtant afin de (re)trouver un sens à la vie. Des passerelles s’établissent entre des disciplines trop longtemps ennemies. La physique quantique, l’étude des cas de mort imminente, la philosophie des sciences, les religions elles-mêmes semblent être des commencements de réponse, offrant une lecture de l’Univers et de la vie qui en émergea, bien différente de l’approche purement mécaniste ayant prévalu au cours des trois derniers siècles.

Ce dossier n’a d’autre prétention que de juxtaposer les points de vue de quelques personnages au parcours à la fois singulier mais aussi symptomatique de cette prise de conscience. Chose qui paraissait impossible car intellectuellement inacceptable, les hypothèses convergent, se réconcilient comme les pièces d’un puzzle géant dont on peine encore à appréhender l’intégralité de son dess(e)in. Il serait donc présomptueux de vouloir embrasser l’ensemble de ces hypothèses tant l’ouvrage est immense. Certains s’y sont essayés avec courage et humilité comme ce fut le cas de Jean Staune (fondateur de l’Université Interdisciplinaire de Paris) dans son ouvrage « Notre existence a-t-elle un sens ? ». Son approche pluridisciplinaire présentant le grand mérite d’inventorier les découvertes scientifiques de nombreux champs de recherche au nombre desquels la physique des particules, la biologie moléculaire, les neurosciences pour les confronter aux différentes courants philosophiques et religieux. Elle porte un sérieux coup à certaines théories communément acceptées et notamment au darwinisme sans pour autant accréditer des thèses aussi contestables que le créationnisme radical.

Notre volonté se veut plus modeste mais espère contribuer à ce questionnement du pourquoi, au-delà du quoi et du comment. Elle se contente de mettre en perspective des témoignages qui participent, selon les mots d’Hubert Reeves, d’un certain ré enchantement du Monde.

Rencontre avec l’avant-garde des défenseurs de la vie après la vie…

David Fargier – Vents d’Orage

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Stéphane Allix, grand reporter, écrivain et fondateur de l’INREES (Institut de Recherche sur les Expériences Extraordinaires)

Vents d’Orage : En qualité de journaliste indépendant passionné par les questions de géopolitique et de terrorisme, qu’est-ce qui vous a amené à vous recentrer sur ce sujet de la vie après la mort ?

Stéphane Allix : La mort de mon frère en 2001, tué dans un accident de voiture en Afghanistan. Jusque-là, j’avais une relation à la mort un peu puérile… un sujet à distance. Cet événement a généré un cataclysme m’amenant à une quête de sens car ce moment précis n’en avait pas. A 33 ans, je ne pouvais plus évacuer cette question, il me fallait obtenir une réponse, pas tant spirituelle qui, par définition, n’est pas objectivable, chacun la forgeant au gré de son parcours, d’une adhésion à une croyance, une foi. Par ailleurs la philosophie ne m’attirait pas dès lors qu’elle ne me semblait pas moins subjective que la religion puisque capable de démontrer tout et son contraire.

VdO : Cela participait-il d’une volonté de faire votre deuil ?

SA : Mon devoir journalistique était trop exigeant pour me contenter de vouloir me consoler. Je ne savais pas où chercher ni même ce qu’il y avait à chercher. La question m’apparut comme impérieuse. On repousse toujours la question à plus tard. Or j’étais alors confronté à une réalité que je ne pouvais plus repousser. La perte d’un proche déclenche souvent ce questionnement au-delà de la nécessité de faire son deuil. C’est ce que j’ai voulu investiguer avec force et intransigeance.

VdO : L’évolution du rapport à la spiritualité, le matérialisme, le scientisme ont-ils éloigné l’Humanité de la quête de sens ?

SA : Oui car depuis le XVIIIème siècle, on s’est extrait des superstitions, des croyances, de l’exercice de la foi. Il reste vrai que les religions peuvent enfermer dans des carcans car plutôt que d’être un lieu de recherche, elles peuvent prétendre tout expliquer. Les Lumières offraient une possibilité nouvelle d’exercer son discernement mais on a peu à peu basculé dans l’excès inverse, persuadé qu’on saurait bientôt tout expliquer, adoptant les travers des religions. La science butte aujourd’hui sur tout un tas d’anomalies, observables, obligeant à réfléchir sur notre perception du réel. Les questions soulevées par des disciplines comme les neurosciences, la biologie donnent le vertige : qu’est-ce que la conscience, la réalité a-t-elle une substance ? La physique quantique en est la plus belle illustration et modifie en profondeur le paradigme d’appréhension de la réalité. Les chercheurs se frottent aujourd’hui à des phénomènes tels que la médiumnité, les expériences de mort imminente, les états modifiés de conscience. Ces champs d’investigation constituent un choc civilisationnel car ils conduisent à intégrer une dimension spirituelle, non matérielle. La disparition de la conscience après la mort physique reste une hypothèse non vérifiée et la science se doit de s’extirper de ses préjugés.

VdO : Les signes d’une forme de vie après la mort dont témoignent de plus en plus de personnes sont nombreux et de très diverses natures : rêves, contacts médiumniques, objets retrouvés, apparitions… Cela fut-il le cas pour vous après le décès de votre frère ou de votre père ?

SA : Oui, un peu mais il faut veiller à catégoriser les manifestations dans la mesure  où certains phénomènes présentent un caractère hautement interprétatif. Sans parler de la possibilité d’hallucinations. Faire le tri et analyser les situations avec des critères scientifiques rigoureux permet effectivement de mettre en lumière des expériences qui ne relèvent pas d’une explication rationnelle d’ordre psychologique ou psychiatrique. Le point clé tient à dégager les cas objectivables de ceux trop subjectifs.

VdO : Les médias changent-ils d’approche pour traiter de ces sujets, après un traitement teinté de sensationnalisme ou de dérision ?

SA : Pour le pratiquer depuis 30 ans, je peux vous assurer que le journalisme n’est pas exempt d’idées préconçues. Pour remettre en question ces a priori, il ne faut pas être exposé à l’urgence de l’actualité. En gardant mon indépendance, j’ai pris le temps nécessaire sans avoir à produire immédiatement un papier où le manque de recherches eut induit un rendu caricatural. M6 a parfaitement compris mon choix de ne travailler qu’avec des scientifiques sérieux, excluant le recours au sceptique qui rejette en bloc sans éléments tangibles. L’enquête patiente du pigiste autorise cela.

VdO : C’est aussi ce qui vous a incité à fonder l’INREES ?

SA : Oui car au-delà de ce travail de journaliste-pigiste, j’étais animé par l’envie d’impliquer des psy ouverts à autre chose que la seule alternative « j’y crois – je n’y crois pas ». Ma rencontre avec John Mack, ce psychiatre ayant beaucoup investigué sur la question des rencontres extraterrestres, m’a profondément marqué. L’INREES représente un espace de partage permettant de faire la part entre les origines psychotiques et ce qui se doit de sortir des explications classiques et communément acceptées.

VdO : Ce long travail de recherche vous a-t-il permis de vous faire une idée de ce que pourrait être l’au-delà ?

SA : J’ai la certitude que la vie se poursuit à partir d’éléments objectivables que d’autres journalistes et scientifiques ont pu appréhender. Je ne peux décrire l’au-delà avec précision même si je commence à avoir, grâce à ces multiples rencontres, des indices, des intuitions sur ce que peut être la survivance de la conscience après la  mort physique. Mais la question de la vie après la mort n’est pas réductible à ce travail de recherche. L’investigation m’a également permis de rencontrer l’être intuitif que je suis, aujourd’hui plus ouvert à la spiritualité.

VdO : A l’aune de tout votre parcours et peut-être plus particulièrement l’expérience que vous avez dernièrement tentée en interrogeant différents médiums quant à des objets placés dans le cercueil  de votre père, ayant présidé à la rédaction de votre dernier ouvrage, « Le test », avez-vous parfois l’impression d’avoir été choisi ou « élu » pour entreprendre ces recherches ?

SA : Absolument pas. Les mots sont beaucoup trop forts. En revanche j’ai le sentiment d’avoir fait un travail journalistique sérieux et sans doute contribué à faire évoluer la perception de la question de la vie après la mort auprès du grand public.