Depuis l’avènement d’internet et surtout des réseaux sociaux, le cynisme et la violence ont pris le pouvoir. Ces outils aussi prometteurs, agiles et utiles que dangereux donnent à tous une parole où tout se vaut, où l’on peut s’adonner au jeu de l’insulte, planqué derrière un avatar et son écran de smartphone. Pas étonnant alors que le film ait suscité la fièvre, tout sauf angélique et politiquement correct, au moment de sa sortie… avant même sa sortie. Le choix d’Isabelle Adjani à lui seul, par-delà les thématiques abordés, avait enflammé la toile…
La vraie question réside en définitive dans le pourquoi et dans la par qui. Savait-on seulement de quoi parlait ce texte avant même que de l’entendre ? Peu importe puisqu’il faut désormais japper, cracher comme un lama, sans se préoccuper du fond. Il faut polémiquer, politiser, « politiciser », éructer avant de porter aux nues, jeu bien français consistant à brûler en place publique ce que l’on a adoré et vanter ce que l’on a honni.
J’avais été séduit par l’approche directe, sans fard ni faux-semblant, de l’auteur Jean-Paul Lilienfeld, qui ne se cachait pas derrière son petit doigt pour peindre une réalité aussi âpre que violente. A l’époque on pouvait légitimement espérer une adaptation sur les planches de ce huis-clos étouffant de sincérité et de tension. C’est aujourd’hui chose faite et pour le plus grand bonheur des premiers spectateurs qui ressortent enthousiastes de cette production ambitieuse et moderne dont il ne faut quasiment rien révéler pour mieux en savourer toutes ses composantes, au premier lieu desquelles un casting impécable.
Vents d’Orage a souhaité rencontrer celle qui emmène à son tour un propos tranchant et bouleversant vers les sommets, peu de temps après le mouvement #metoo qui semble bien être une des clés de compréhension du film et maintenant d’un spectacle ô combien vivant. Gaëlle Billaut Danno nous en parle, sans trop en dire si ce n’est l’essentiel pour vous donner envie, à votre tour, de découvrir une pépite :
https://soundcloud.com/davidaftertherain/itw-de-gaelle-billaut-danno
Le pitch :
10 ans après le film (avec Isabelle Adjani dans le rôle-titre), Jean-Paul Lilienfeld écrit la version théâtrale de « La journée de la jupe« .
Sonia Bergerac est professeure de français dans un collège de banlieue sensible et s’obstine à venir en cours en jupe malgré les conseils du proviseur. Dépassée par l’attitude de ses élèves ingérables, au bord de la crise de nerf, elle tente tant bien que mal de faire son cours. Mais lorsqu’elle trouve un pistolet dans le sac d’un de ses élèves, elle s’en empare et, involontairement, tire sur l’un d’entre eux. Paniquée, elle prend la classe en otage…
La journée de la jupe
Auteur : Jean-Paul Lilienfeld
Mise en scène : Fréderic Fage
Avec : Gaëlle Billaut-Danno, Julien Jacob, Hugo Benhamou-Pépin, Lancelot Cherer, Amélia Ewu en alternance avec Sarah Ibrahim, Sylvia Gnahoua et Abdulah Sissoko
Calendrier des représentations :
Du mardi au samedi à 21h00 et matinée le dimanche à 15h00 au
14 bis rue Sainte-Isaure
75018 Paris