La crise sanitaire s’éternise depuis maintenant un an. Les institutions culturelles et muséales demeurent fermées. C’est tout naturellement que des questionnements autour de l’utilité de l’art se posent dans les esprits de chacun. Dès la première vague pandémique du printemps 2020, l’ouvrage À quoi sert (encore) l’art en temps de crise sanitaire ? a tenté d’y apporter une réponse.
Le Tiers-lieu culturel « Dans le ventre de la baleine », inauguré pour la première fois en 2018 au Château d’Avaray dans le Loir-et-Cher, vise à renouveler la tradition du salon littéraire, née durant le siècle des Lumières. Son fondateur, Christophe Pittet, ne pouvait se résoudre à renoncer à ce bel événement. C’est grâce à son initiative que les chercheurs, artistes et acteurs culturels de Suisse et de France, qui auraient dû être présents à l’événement, ont répondu à ce questionnement existentiel. Par une analyse, un témoignage ou avec des images, chacun a développé son ressenti personnel face à cette situation inédite. Voici un extrait du texte « L’art au temps du coronavirus » de Anne Voeffray, photographe et sociologue, illustrant la richesse des réflexions portées par cet ouvrage :
« Il serait intéressant d’étudier comment et avec quelles reconfigurations une période de crise aiguë change le rapport entre désir de consommation et nécessité de création artistique. J’aime imaginer que des anonymes, privés des offres culturelles habituelles, se mettent à peindre, à chanter, à cuisiner… La mise entre parenthèses des offres culturelles nous offre un temps retrouvé, celui de l’ennui et peut-être aussi celui de la création. »
L’objectif de cet ouvrage était de mettre en perspective la place et la fonction de l’art dans la société, et plus particulièrement dans le contexte d’une crise de cette ampleur, générant divers sentiments au sein de la population. Ainsi, ce ne sont pas moins de vingt témoignages que l’on découvre, d’une étonnante et riche diversité. L’individualité des ressentis face à la crise est mise en lumière, contrastée par ce besoin collectif que l’art, sous ses formes diverses, ne cesse de rythmer nos vies.
Julie Goy
À quoi sert (encore) l’art en temps de crise sanitaire ?
Sous la direction de Christophe Pittet
Éditions Téraèdre, collection Éclaboussements
Paru en décembre 2020 – 164 pages – 17 €