Le nom de Narbo Martius, l’antique cité de Narbonne, n’évoque pour beaucoup que le nom d’une cité romaine aujourd’hui disparue. Cette ville au passé illustre, première colonie romaine en Gaule et capitale de la province de Gaule Narbonnaise, ne présente aujourd’hui presque plus de vestiges monumentaux rappelant son histoire prestigieuse, contrairement à ses voisines Nîmes et Arles.
C’est pour redonner à ce patrimoine unique toute sa place et le rendre accessible au plus grand nombre que la Région Occitanie s’est engagée dans la construction d’un nouveau musée, Narbo Via, par l’agence Foster + Partners.
Au fil de ses collections, c’est l’histoire de l’Empire romain en Gaule qui se déploie. L’histoire d’une cité, devenue capitale de la province de Narbonnaise, première colonie hors de la péninsule italienne et qui administrait, jusqu’aux années 40 avant notre ère, la seule colonie de droit romain en Gaule, synonyme pour ses citoyens de garantie de leurs droits civiques. Le passé d’une ville à la croisée de la Voie Domitienne et de la Voie d’Aquitaine, des voies maritimes et fluviales, carrefour stratégique de la Méditerranée occidentale.
Le musée Narbo Via a ouvert ses portes au public le 19 mai 2021
Première colonie romaine créée en Gaule, ancienne capitale de la province de Gaule narbonnaise, Narbonne est un foyer de la civilisation romaine dont le patrimoine antique fait figure de référence à l’échelle internationale.
Les collections du musée réunissent une partie des collections de cinq lieux, dont le musée archéologique, le fonds lapidaire alors conservé à Notre-Dame de Lamourguier et le dépôt archéologique d’État Sainte-Rose ainsi que de sites archéologiques de première importance : Gruissan, Port-la-Nautique, Mandirac et, bientôt, la nécropole des berges de la Robine. Elles se composent enfin d’une série d’enduits peints et de mosaïques issus des maisons romaines du Clos de la Lombarde et comparables à ceux trouvés à Pompéi.
Les collections comprennent 15 000 pièces, dont 1000 pierres funéraires réemployées à l’époque médiévale pour composer les murs d’enceinte de la Ville.
Le parcours permanent traverse six siècles d’histoire
Elément central du musée, la galerie lapidaire, un mur monumental de 76 mètres de long composé de 760 blocs de pierre répartis sur deux rangées, issus pour la plupart des nécropoles romaines de la ville antique, ouvre le parcours des collections. Grâce à un dispositif automatisé inédit dans un musée, permettant de mouvoir les œuvres au moyen d’un bras de levage robotisé, cette galerie lapidaire restitue le parcours de conservation de ces blocs au fil des siècles.
En introduction, Narbonne est replacée dans le temps et dans l’espace : la préhistoire, la Méditerranée, les voies commerciales existantes, la géologie… autant de facteurs qui ont incité Rome à s’implanter à cet endroit de la Méditerranée. Le visiteur sera ensuite invité à découvrir cette capitale romaine, à travers l’urbanisme et ses monuments. La muséographie met en valeur cette monumentalité disparue, comme écho aux bâtiments imposants d’alors, témoignant de la prospérité de la cité antique.
Le parcours débouche ensuite sur une séquence consacrée à l’organisation de la société : pratiques politiques, juridiques, sociales, religieuses, funéraires, jeux et spectacles. Des portraits, statues, inscriptions funéraires… jalonnent cette séquence du parcours, autant de traces et d’archives témoignant de la vie des habitants de Narbo Martius.
Puis, la visite propose une immersion dans les luxueuses domus de l’Antiquité romaine et leurs décors. Dans le prolongement d’un atrium, qui présente en son centre une grande mosaïque sous une ouverture zénithale, se trouvent des restitutions en grandeur réelle de pièces de maisons, avec des décors sculptés, des mosaïques et des peintures murales. Toutes proviennent du Clos de la Lombarde, un quartier antique aisé, mis au jour à partir de 1973 à Narbonne. Cette séquence propose aussi des témoignages du quotidien en vitrines murales, ainsi que des projections multimédia.
Un jardin méditerranéen
A l’extérieur du musée, les jardins gradinés du musée comportent des plantes méditerranéennes, résistantes à la chaleur et à la sécheresse : cistes de Montpellier, lavandins, euphorbes, thym … On y trouve aussi une centaine de pieds de vigne, trait d’union entre les différentes cultures méditerranéennes. Ces vignes réunissent des cépages anciens, mais aussi modernes, issus des différentes régions de France : Brun Fourca (Provence), Grenache noir (Languedoc), Madeleine angevine… Elles sont aussi composées de cépages résistant aux changements climatiques, comme les cépages Barbera d’Italie ou Maroquin du Maroc, aujourd’hui cultivés dans les pays du sud de la Méditerranée. Fruits d’une collaboration avec l’Inra, ces vignes répondent en outre aux critères de l’agriculture biologique.
Musée Narbo Via, 2 avenue André Mècle, 11100 Narbonne.
Ouvert de 11 h à 18 h du 1er octobre au 30 avril – de 10 h à 19 h du 2 mai au 30 septembre – Fermé le lundi ainsi que les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre.
photos : Véronique Spahis