Du 15 au 19 mars dernier se sont tenus les Fallas de Valence, fête traditionnelle combinant satyre et art, durant laquelle l’ensemble de la ville espagnole se transforme pour accueillir de géantes statues dans ses rues.
L’origine des Fallas remonte à une ancienne coutume débutée par les menuisiers valenciens qui, pour fêter l’arrivée du printemps, brûlaient le support en bois qui leur servait à accrocher leurs lampes à huile qui les éclairaient durant l’hiver. Devant leurs ateliers, ils créent de grands feux de joie, lors de chaque 19 Mars pour la célébration de la Saint-Joseph, le saint-patron des charpentiers.
Progressivement, les valenciens ont ajouté à ce feu purificateur de vieux objets et des guenilles, qui ont humanisé les morceaux de bois, jusqu’à les transformer en ninots, les actuelles petites figurines placées devant les grandes constructions en carton-pâte. Désormais, les Fallas sont des oeuvres d’art éphémère, parfois réalisées avec d’importants budgets financiers dans le cas des sculptures les plus importantes. Leur signification représente généralement une critique de la société, et sont toujours satiriques.
Les Fallas étaient organisées cette année par plus de 2 000 falleras et falleros, les valenciens membres d’un casal faller (les associations de chaque quartier). Chaque Casal présente une falla major (pour les adultes) et une falla infantile (pour les enfants). Durant les festivités, ils portent des vestes polaires frappées de l’écusson du casal faller, ou bien des vêtements traditionnels. Les robes des femmes falleras, qui représentent leur quartier, sont connues à la main. Elles se composent de deux parties, la falda (la jupe) et le corpiño (le corset). Elles se coiffent de trois moños, des chignons plats entortillés, chacun étant orné d’un peigne doré, souvent transmis de génération en génération.
La falla Kromática, d’Exposición-Micer Mascó, a été choisie comme la meilleure des sculptures participant à la section spéciale des Fallas 2023. Oeuvre de David Sánchez, elle utilise la couleur pour symboliser une immense avalanche chromatique de muses et de dieux, formant une immense figure mythologique. Elle se fait symboliquement critique, par la couleur, de Poutine (dans un rouge infernal à côté du diable) aux victimes de la crise (noir), de la presse (jaune) ou encore du show-business (rose).
Chaque soir, dans les Jardins de Turia (Alameda), des feux d’artifices ont été lancé, et chaque journée, les Mascletàs, spectacles pyrotechniques consistant à tirer des pétards vers le ciel, explosant selon un rythme crescendo, étaient visibles du 1er au 19 mars sur la Plaza Del Ayuntamiento (Place de la Mairie).
Le dernier jour des festivités, les visiteurs pouvaient profiter de la Cremà, la cérémonie de mise à feu de l’ensemble des Fallas.
Julie Goy