L’inédite exposition “Basquiat x Warhol, à quatre mains” est consacrée aux productions des deux artistes à la renommée internationale dans le contexte particulier de la scène artistique du Downtown New York des années 1980. Les deux peintres américains ont créé ensemble plus de 160 œuvres majeures.
A la toute fin des années 1970, Jean-Michel Basquiat, qui n’a pas encore 20 ans, est fasciné par la figure d’Andy Warhol et la manière dont il a bouleversé les rapports entre art et culture populaire. Quant à Warhol, il se passionne pour la scène qui émerge à New York se distingue par sa liberté et sa porosité avec les cultures urbaines. Sa rencontre avec Jean-Michel Basquiat, le 4 octobre 1982, marque le début de leur amitié et de leurs échanges.
Warhol dispose d’un espace vacant pour peindre à Broadway, à la 33e Rue. Il y invite Basquiat, les deux amis peignent ensemble presque tous les après-midi. Les toiles sont souvent commencées par Warhol, peintre s’étant toujours confronté au format des publicités, des écrans de cinéma. Basquiat de son côté, précurseur du street-art, prend le relais sur les murs. Les plus longues de leurs œuvres communes comme “African Masks” évoquent des éléments de décors architecturaux. Cet aspect monumental est encore renforcé par le format horizontal des compositions.
Au printemps 1985, Warhol s’arrange avec son galeriste Bruno Bishofberger pour qu’il expose avec Basquiat à la galerie Tony Shafrazi, dans le sud de Manhattan. Pour réaliser l’image qui servira à l’affiche, Basquiat choisit Michael Halsband qu’il a repéré pour son travail. Celle-ci doit évoquer un combat de boxe, ils se rendent ensuite à son studio.
Le logo de General Electric est l’un des emblèmes de l’American way of life. A partir des années 1950, la marque est présente dans chaque foyer. Les deux artistes lui dédient toute une série, remarquable par ses effets de transparences, de juxtapositions et de renversements. La plupart de ces œuvres ont été débutées par Basquiat qui y a inscrit ses dessins en sérigraphie, une technique qui a défini l’œuvre de son aîné.
Sur chacun des sacs, Warhol a peint le visage du Christ d’après une reproduction de la Cène de Léonard de Vinci. Sur celui-ci, Basquiat a inscrit de manière répétée, comme autant de coups portés sur les sacs, le mot Judge. Chez lui, l’imaginaire de la boxe est lié à de grandes figures de la communauté africaine-américaine qu’il représente en héros et en martyrs.
“Je crois que ces tableaux que l’on fait ensemble sont plus réussis quand on ne peut pas dire qui a fait quelle partie” avait noté Warhol dans son journal. A la fin de leur collaboration, leurs peintures culminent dans un emmêlement où sont abordés des sujets intimes comme le racisme (Felix the Cat) ou le rapport au corps. “6.99” est une stratification de formes et de sens. Le tableau est littéralement couvert de cicatrices – des repentirs – mais celles-ci sont aussi dessinées, en écho aux abdomens balafrés de Basquiat et de Warhol.
Eliette Belet
Du 05 Avril 2023 au 28 Août 2023
Fondation Vuitton, 8, Avenue du Mahatma Gandhi Bois de Boulogne, 75116 Paris
ouverte du lundi au vendredi de 11H à 20H (sauf le mardi, fermé) et le samedi et le dimanche de 10H à 20H