Nicolas de Staël, baron Nikolaï Vladimirovitch Staël von Holstein, est né le 23 décembre 1913 à Saint-Pétersbourg.
Pour le centenaire de sa naissance, et 20 ans après la grande exposition organisée par le Centre Pompidou en 2003, l’exposition du Musée d’Art Moderne de Paris propose un nouveau regard sur le travail de l’artiste, en tirant parti d’expositions thématiques plus récentes ayant mis en lumière certains aspects méconnus de sa carrière (Antibes en 2014, Le Havre en 2014, Aix-en-Provence en 2018).
La rétrospective rassemble une sélection d’environ 200 tableaux, dessins, gravures et carnets venus de nombreuses collections publiques et privées, en Europe et aux Etats-Unis. À côté de chefs-d’œuvre emblématiques tels que le Parc des Princes, elle présente un ensemble important d’œuvres rarement, sinon jamais, exposées, dont une cinquantaine montrées pour la première fois dans un musée français.
Organisée de manière chronologique, l’exposition retrace les évolutions successives de l’artiste, depuis ses premiers pas figuratifs et ses toiles sombres et matiérées des années 1940, jusqu’à ses tableaux peints à la veille de sa mort prématurée en 1955. Si l’essentiel de son travail tient en une douzaine d’années, Staël ne cesse de se renouveler et d’explorer de nouvelles voies : son « inévitable besoin de tout casser quand la machine semble tourner trop rond » le conduit à produire une œuvre remarquablement riche et complexe, « sans esthétique a priori ». Insensible aux modes comme aux querelles de son temps, son travail bouleverse délibérément la distinction entre abstraction et figuration, et apparaît comme la poursuite, menée dans l’urgence, d’un art toujours plus dense et concis :
« C’est si triste sans tableaux, la vie, que je fonce tant que je peux. »
La vie de Staël a d’emblée créé un mythe autour de son art : de son exil après la révolution russe jusqu’à son suicide tragique à l’âge de 41 ans, la vie du peintre n’a cessé d’influer sur la compréhension de son œuvre. Sans négliger cette dimension mythique, la rétrospective entend rester au plus près des recherches graphiques et picturales de Staël, afin de montrer avant tout un peintre au travail, que ce soit face au paysage ou dans le silence de l’atelier. Enfant exilé devenu voyageur infatigable, l’artiste est fasciné par les spectacles du monde et leurs différentes lumières, qu’il se confronte à la mer, à un match de football, ou à un fruit posé sur une table. Variant inlassablement les outils, les techniques et les formats (du tableautin à la composition monumentale), Staël aime « mettre en chantier » plusieurs toiles en parallèle, les travaillant par superpositions et altérations successives. Le dessin joue, dans cette exploration, un rôle prépondérant dont une riche sélection d’œuvres sur papier souligne le caractère expérimental.
Pour continuer la visite – ou pour ceux qui ne pourront pas voir l’exposition, le catalogue (Éditions Paris Musées, 312 pages, 265 illustrations, 49 €) suit les différentes parties de l’exposition :
1914-1947 : Le voyage d’un peintre
1948-1949 : Rue Gauguet
1950-1951 : Condensation/Fragmentation
1952-1953 : Le spectacle du monde
1953 : L’atelier et la lumière du Sud
1954 : Sur la route
1954-1955 : Antibes
Nicolas de Staël meurt à 41 ans en se jetant de la terrasse de la maison où il avait son atelier à Antibes. Son œuvre perdure …
Du 15 septembre 2023 au 21 janvier 2024
Musée d’Art Moderne de Paris 11 Avenue du Président Wilson 75116 Paris
Ouvert du mardi au dimanche De 10h à 18h (les jeudis jusqu’à 20h30 et les samedis jusqu’à 20h)
photos : Véronique Spahis