Libérer les mots de ceux dont la voix est tue : tout un programme qu’assume fièrement l’organisation Médecins du monde en ce premier week-end de novembre par le lancement de la première édition du Festival des Gros Maux à Ground Control.
Durant trois jours, il s’agit mettre l’art au service de la dénonciation des inégalités sociales concernant la santé et l’accès aux droits humains en général.
Cet évènement se présente comme un nouveau rendez-vous urbain convoquant différentes formes d’expression artistique qui permettent aussi d’expliquer les combats de Médecins du Monde.
Selon les termes de la présidente de l’association, Florence Rigal, l’objectif est réellement de mettre en lumière collectivement la vulnérabilité de certaines personnes que le fonctionnement sociétal marginalise.
C’est de cet espoir de justice qu’est née la motivation d’un tel projet, coorganisé par l’agence Mlle Pitch et qui se déroule en plusieurs temps :
- une exposition présentant les œuvres de vingt-cinq artistes, professionnels ou amateurs dont les fresques, tableaux, sculptures, performances tendent à exprimer un combat particulier.
Certaines œuvres, comme celles de Lek et Sowat, ont été réalisées en live : Seul avec tous, se présente ainsi comme une réinterprétation originale et optimiste du duo d’artistes dont la spécialité s’affirme dans le graffiti.
Une telle déconstruction est également remarquable dans le travail de Pieter Ceizer: en choisissant de créer des compositions abstraites colorées, il partage par l’écrit des pensées et émotions, ici sa création intitulée “Peace” prend tout son sens !
Le combat féministe n’est pas exclu de la présentation ; les Anka Girls proposent “le U revendicateur” et le “U rêveur” ; deux figurations de l’utérus avec tous les maux qui lui sont imposés, qu’il soit placardé d’insultes ou rabaissé quotidiennement.
Tous ces artistes partagent la volonté profonde de faire bouger les choses, considérant dès lors l’art comme un acte militant de résistance, propre à une propagande des valeurs de demain.
- la scène d’éloquence : samedi soir 4 novembre, les 934 textes écrits sur le thème “Soigner l’injustice” vont être déclarés en public par des personnalités. Parmi ces dernières, Tim Dump, auteur compositeur interprète, ou encore l’actrice et romancière Anny Duperey vont faire entendre ces extraits sélectionnées par un jury au sein de 4 grand prix (poème, nouvelle, chanson, texte d’éloquence, grand prix du jury).
Outre ces deux événements programmés, toute une série de dispositifs viennent compléter et renforcer la portée du festival : tables rondes autour de débats contemporains, projection de films, notamment le dimanche, tout cela dans l’espace interactif et accueillant du Ground Control, dans le 12ème arrondissement.
Alors profitez-en ! Venez-vous familiariser avec des sujets qui nous concernent tous et qui résonnent particulièrement aujourd’hui.
Le programme :
Vous découvrirez des œuvres inédites qui frappent par la puissance de leur actualité et de leur créativité.
Les artistes : Lek et Sowat, RERO, Kashink, Ara Starck, Pieter Ceizer, Fabien Verschaere, La Dactylo, Petite Poissone, Guillaume et Laurie, Régis R (Prince of Plastic), Les Ensaders, Olivier Garouste, Samuel Eckert, Marco Castilla, Aksel Varichon, Anka Girls, Christophe Andrusin, Lucie Lith, Arnaud Puig, Val d’Off, Valentine Dardel, Bérangère Galvao, Aimée Guillo, Cédric Fettouche, Paolo Kraft,
Tout fonctionne par une riche transposition : les mots se font œuvre pour exposer les maux.
Le mal du monde peut être en partie guéri par l’art puisqu’il est alors au moins considéré.
Forts de cette prise de conscience, les visiteurs pourront agir et s’engager concrètement auprès de ceux qui en ont besoin mais également exprimer leurs propres failles.
En effet, la démarche engage aussi une réflexion intime : une boîte à maux a été installée pour que chacun y dépose librement ce qui lui pèse.
L’univers coloré, graphique et humoristique souligne le dynamisme et l’espérance qui anime ces différents artistes ainsi que les organisateurs du festival, comme un exutoire invitant à un monde meilleur…
Joséphine Renart
photos : Mlle Pitch et Joséphine Renart
Du 3 au 5 novembre 2023
Ground Control, 81 rue du Charolais, 750012 Paris
Vendredi 03 novembre : 14h-01h, Samedi 04 novembre : 12h-01h, Dimanche 05 novembre : 12h-22h30