« La Sirène à Barbe », voilà le nom d’un cabaret bien réel, où se croisent les destins d’hommes et de femmes liés par l’amour du spectacle, de la danse, du cirque et du chant. Dans la petite ville portuaire de Dieppe, l’énergie magnétique diffusée par des drag-queens et des danseuses détonne radicalement. C’est là qu’Erwan, un pêcheur de la ville joué par Victor Grillot, vient se réfugier. Il cherche à « remplacer les écailles par les paillettes » dans un quotidien qui l’ennuie et l’isole.
Lumière est faite sur l’art du drag, qui permet à chacun de se réaliser à travers le jeu d’un personnage outrancier. Les comédiens Maxime Sartori (Sweety) et Alonso Ojeda (Alonso) l’honorent brillamment. Et pour cause ! La fiction prend racine dans la réalité, puisque les acteurs puisent dans leur propre expérience de drag-queens pour donner vie à leurs rôles.
Pour sublimer les images, l’équipe du film a travaillé longuement sur les lumières, et en particulier celles des néons, qui parent de mille couleurs la magie des spectacles vivants. Le réalisateur Nicolas Bellechombre dira à ce sujet : « Dieppe, une magnifique ville dont les couleurs et les lumières nous ont permis de créer des contrastes dans le film ». Ajoutée à ces couleurs vibrantes, la musique se love confortablement contre le cœur battant de chaque scène, nous entraînant dans un monde de joie et de fêtes.
Le film ne raconte pas une histoire précise mais peint plutôt une série de tableaux. Avec simplicité, il aborde des thèmes sensibles tels que la solitude, les infidélités ou le soutien d’un proche après un deuil. A ce titre, le jeu de Fabrice Morio, propriétaire du cabaret, surnommé Beluga, est d’une exceptionnelle justesse, bien qu’on puisse noter avec d’autres rôles quelques tâtonnements dans l’interprétation des dialogues.
Enfin, les personnages, attachants et complexes, dévoilent au fil du film, une solidarité, une compréhension tacite des difficultés de la vie d’artiste : « Il émane une grande mélancolie du métier de drag queens, comme des clowns tristes, elles sont très entourées et en même temps constamment en errance. » souligne Nicolas Bellechombre.
Dans La Sirène à barbe, l’on est parvenu à redonner à la mer sa poésie, miroitant et reflétant les dilemmes intérieurs des personnages. Car finalement, c’est dans cette petite ville portuaire que « Beaucoup de personnages étranges viennent s’y échouer, c’est eux que nous voulons représenter. »
Suzie Zanetta
La Sirène à barbe, de Nicolas Bellechombre et Arthur Delamotte
Durée du film : 1h35 – Distribution : Beluga distribution
En salles à partir du 2 octobre 2024.