« All the Messages Are Emotional », les 25 ans du Prix Fondation Pernod Ricard

Le Prix Fondation Pernod Ricard, créé il y a 25 ans en collaboration avec le Centre Pompidou, présente comme chaque année une exposition collective visant à refléter la scène artistique contemporaine en France du 10 septembre au 31 octobre 2024.

Mais cette 25e édition marque un tournant ! Souhaitant répondre aux préoccupations des artistes autour de la compétition entre individus et pratiques artistiques, tous les artistes nommés cette année sont exceptionnellement lauréats, une décision qui sera détaillée en octobre. Ce changement reflète un désir d’adapter les méthodes de travail aux besoins des artistes et aux évolutions du monde de l’art.

Arlène Berceliot Courtin, commissaire de cette édition, a pris comme point de départ l’image d’un smiley trouvé dans le métro de New York évoquant la fin des conflits émotionnels. C’est pourquoi, pour construire le fil rouge de cette exposition (et lui trouver un titre), la commissaire s’est fondée sur Cruel Optimism (2011) de Lauren Berlant qui interroge l’inaccessibilité de certains de nos fantasmes démocratiques et capitalistes. Selon elle, regarder le travail des artistes sélectionnés pour le Prix relève donc de l’urgence ; urgence pour la société de demain de se réjouir de leur engagement.

Chacun des lauréats 2024 a soumis son interprétation du sujet de l’exposition :

Clémentine Adou (1988 – FR) : Née à Paris en 1988, Clémentine Adou y vit et travaille. Son œuvre repose sur une économie de moyens, utilisant des gestes de soustraction et de recouvrement. Dans une société marquée par le pouvoir, la surveillance et la consommation, elle aborde des problématiques politiques et invite au désencombrement du regard, notamment avec son travail sur le Paquet Neutre (2018), qui met en lumière la symbolique de l’oeil aveugle, et questionne la neutralité des produits à la vente.

Madison Bycroft (1987 – AU) : Madison Bycroft travaille avec la vidéo, la sculpture et la performance. Waterlogue, Four On the Floor (2024) est présenté à l’exposition. Cette installation vidéo sur quatre écrans nous invite à découvrir une narration synchronisée au fil de l’eau, suivant un tempo disco rythmé mais fluide, qui surfe sur la vague.

Charlotte Houette (1983 – FR) : Charlotte Houette crée des peintures qui captent le regard et l’entraînent dans un vortex perceptif où gestualité picturale et géométrie se mêlent. En 2016, elle lance le groupe de recherche EEAPES, dédié à la traduction collective de récits féministes de science-fiction, une démarche qui irrigue toute son œuvre.

Lenio Kaklea (1985 – GR) : Danseuse, chorégraphe et metteuse en scène, Lenio Kaklea est née à Athènes et vit à Paris. An Alphabet For the Camera (2017) est un extrait vidéo où chaque mouvement dansé forme le signe d’un abécédaire imaginaire. Elle explore le lien entre le corps et l’environnement, des espaces industriels à la mer, créant une communication au-delà de l’humain avec le paysage.

Hayoung (1993 – KR) : Née en Corée du Sud et diplômée de la Villa Arson en 2021, Hayoung s’intéresse aux problématiques liées aux langues et aux systèmes numériques. Elle détourne la logique des tests Captcha, qui nous demandent de prouver que nous ne sommes pas des robots, en explorant la non-conformité au langage digital. Son œuvre TONGUE TEST est un diagramme circulaire qui illustre les effets de son déracinement migratoire et linguistique.

La sculpture MOTHER ERREUR – 522 créée à partir des cookies numériques de sa mère, diffuse son parfum erroné lors des moments où les fuseaux horaires entre l’Europe et la Corée s’alignent.

Une réussite qui su éveiller notre sensibilité.

Paul Maheke (1985 – FR) : Paul Maheke, à travers un corpus varié, s’empare du corps comme archive, interrogeant la constitution de la mémoire et de l’identité. Ici, son œuvre Purple Chambre (2023) propose de se plonger dans un état méditatif, inspiré des méthodes de spiritisme et de la question de l’apparition.

Mona Varichon (1989 – FR) : Artiste et traductrice, Mona Varichon a étudié les beaux-arts à San Francisco et Los Angeles et la sociologie à Paris, ce qui a fortement imprégné ses œuvres. Ses photographies intègrent l’espace public dans l’exposition.

Au cœur d’une projection intime, sans images, elle lie l’art et la filiation à travers des conversations avec sa mère, laissant les voix combler l’absence visuelle. A voir, et écouter !

Suzie Zanetta

Photos : Suzie Zanetta et Aurélien Mole

Du 10 septembre au 31 octobre 2024

Fondation Ricard,1 cours Paul Ricard 75008 Paris (Gare Saint Lazare)

Ouverture du mardi au samedi de 11h à 19h (21h le mercredi) – Des visites guidées sont disponibles le mercredi à 12h et le samedi à 12h et 16h – entrée gratuite

fondation-pernod-ricard.com