La Belle Vie à Saint-Hilaire-d’Ozilhan : une parenthèse gourmande en Provence

Au détour des petites routes bordées de vignes et d’oliveraies, à deux pas du Pont-du-Gard, se cache une adresse dont le nom annonce déjà l’esprit : La Belle Vie. Ce restaurant-hôtel, ouvert en juin 2025, installé dans une bâtisse provençale typique au cœur de Saint-Hilaire-d’Ozilhan, marie le charme d’une maison de campagne élégante et le raffinement d’une table gastronomique.

Dès l’arrivée, le visiteur est accueilli par une atmosphère paisible. La façade en pierres blondes, entourée de verdure et de figuiers, donne le ton. Le jardin s’ouvre sur deux piscines, idéales pour se rafraîchir sous le soleil méditerranéen. La terrasse ombragée invite à prendre place pour un déjeuner tranquille ou un dîner à la tombée de la nuit.

Une table qui célèbre le goût

La Belle Vie se distingue par sa table, baptisée sobrement La Table de La Belle Vie. Aux fourneaux, le chef Denis Martin imagine une cuisine française contemporaine, inspirée des saveurs méditerranéennes.

Sa philosophie repose sur l’utilisation de produits locaux sourcés souvent issus de petits producteurs de la région. Chaque assiette reflète une attention particulière à la saisonnalité : légumes gorgés de soleil, herbes aromatiques de Provence, viandes et poissons sélectionnés avec exigence. Même la magnifique vaisselle est fabriquée à quelques kilomètres ! Un coin boutique propose des créations artisanales et des produits de la région.

Le menu varie au gré des marchés et des inspirations. On peut y trouver par exemple une entrée légère autour de la betterave et des agrumes, un poisson délicatement rôti accompagné d’un beurre parfumé aux herbes, ou encore un plat de viande servi avec une garniture de légumes de saison. Les desserts, eux, jouent la carte de la gourmandise sans excès, avec des associations de fruits, de chocolat ou d’épices savamment équilibrées.

Rencontres, racines et passion : l’histoire de Denis et Yoana Martin

C’est à Villeneuve-lès-Avignon, dans l’atmosphère feutrée d’un hôtel-restaurant, que Denis et Yoana Martin se rencontrent. Lui, après un apprentissage au service de grandes maisons, elle, déjà investie dans des établissements de renom, vont rapidement lier passion personnelle et professionnelle. Leurs premiers projets les entraînent jusqu’au Canada : Denis travaille pour le Ritz-Carlton, pendant que Yoana prend en charge un restaurant à Montréal. Ces années à l’étranger sont riches en apprentissage, en rigueur et en ouverture sur le monde.

De retour en France, le couple s’installe à Sète. Denis devient chef étoilé au restaurant The Marcel, tandis que Yoana se distingue comme responsable du restaurant des Halles. Ces expériences renforcent leur complémentarité : lui, dans la création culinaire exigeante et maîtrisée ; elle, dans la coordination, la gestion et l’accueil. Ensemble, ils forment un tandem où l’authenticité rencontre l’excellence.

En 2025, le moment est venu de revenir aux sources. Le couple choisit de s’installer à Saint-Hilaire-d’Ozilhan, dans une ancienne écurie en pierres, transformée en hôtel-restaurant. Leur ambition : redonner vie à un lieu chargé d’histoire, tout en y insufflant chaleur, confort et sincérité. Yoana prend en main la partie hôtelière, tandis que Denis se consacre à la cuisine et à l’âme du restaurant. Ils renouvellent ainsi les lieux avec soin, tout en préservant la beauté et l’authenticité de la bâtisse centenaire.

Le rôle du vin dans l’expérience

Impossible de parler d’un restaurant du Gard sans évoquer le vin. La Belle Vie met un point d’honneur à valoriser les vignobles alentour. La carte des vins offre un bel éventail d’appellations locales, permettant de découvrir la richesse du Languedoc et de la vallée du Rhône. Les amateurs apprécient les accords mets-vins proposés par la maître d’hôtel sommelière, Gwendoline Thomas, (qui a choisi de suivre le chef à son départ de Sète) qui accompagnent subtilement chaque étape du repas. Qu’il s’agisse d’un blanc minéral pour relever un poisson, d’un rouge généreux pour sublimer une viande ou d’un rosé vif pour un déjeuner d’été, les suggestions sont pensées pour amplifier les saveurs.

Lors de notre venue, nous avons dégusté le menu Emotion en cinq étapes. Un voyage gustatif et sensoriel d’un niveau exceptionnel qui nous a emmené très loin avec des mariages de saveurs divines.

A l’apéritif, de gauche à droite : une brioche aux olives Taggiasche à tremper dans sa coupelle d’huile d’olive ; une fine tartelette anchoïade, fenouil (cru/mariné et mousseline) et amandes torréfiées ; une goûteuse et fine brandade de Nîmes servie en cuillère.

En prélude, un pesto basilic et une brunoise de pomme granny Smith, concombre, radis, herbes fraîches, accompagné d’un régressif pain brioché feuilleté à l’origan

En entrée, une longe de thon salé et snacké, poivrons brûlés et confits, ventrèche fumé et lard de colonnata, gel de de fleurs de sureau, zeste de citron confit, piment d’Espelette et câpres, jus de poivrons avec condiments brunoise de poivrons brûlés, échalote et persil tranché à l’huile d’olive picholine

En poisson, du pagre roulé dans la poudre de citron noir, beurre inversé et basilic thaï, coquillages, citron confit et salicornes, accompagné d’une crémeuse purée d’haricots verts et salicornes, beurre noisette, haricots verts, gel de framboise et oseille, écume infusée à la verveine

En viande, un quasi de veau rôti au guanciale, thym frais, compressée de blettes grillées et feuilles d’épinard au beurre noisette glacé au jus de viande (basilic et aneth), siphon estragon

En artistique dessert, un financier noisette, abricot confit, crémeux caramel, fève tonka, croustillant noisette, praliné et chocolat, coulis et sorbet abricot

Et pour terminer, des mignardises à tomber : un croustillant curry et gelée de reine-claude, graine de courge torréfiée ; des feuilles déshydratées de menthe, verveine et basilic, cristallisées au sucre ; une décoction de framboises et agrumes…

Côté vins, en accord avec ces mets délicats, des belles découvertes :

L’une des grandes forces du lieu réside dans l’accueil. Le personnel allie professionnalisme et simplicité, ce qui crée une atmosphère à la fois soignée et conviviale. Loin d’une rigidité parfois associée à la gastronomie, l’équipe veille à ce que chaque client se sente à l’aise. La présentation des plats est expliquée avec enthousiasme, et l’on perçoit un véritable plaisir à partager cette passion culinaire. Cette chaleur humaine, combinée à l’élégance du cadre, contribue largement au charme de l’adresse.

L’hôtel : prolonger le plaisir

Au-delà du restaurant, La Belle Vie propose également sept chambres confortables qui permettent de prolonger l’expérience. La décoration mêle lignes modernes et touches provençales, avec des matériaux naturels, des teintes douces et une atmosphère feutrée. Certaines chambres donnent sur le jardin et la piscine, offrant un réveil au calme, loin du tumulte des grandes villes.

Une halte idéale pour découvrir la région

Séjourner ou dîner à La Belle Vie permet aussi de rayonner dans une région au patrimoine exceptionnel. À quelques kilomètres, le majestueux Pont-du-Gard attire les curieux d’histoire romaine. Uzès séduit par ses ruelles médiévales et son marché coloré. Nîmes et Avignon, toutes proches, offrent quant à elles une immersion dans l’art, la culture et la gastronomie méridionale. Le village de Saint-Hilaire-d’Ozilhan, plus discret, dévoile ses ruelles calmes, ses vignes et ses oliveraies, parfaits pour une promenade après le déjeuner.

Pour profiter pleinement de l’expérience, il est recommandé de réserver à l’avance, surtout en période estivale où la terrasse est particulièrement prisée…

Véronique Spahis

La Belle Vie, 4 avenue Paul Blisson, 30210 Saint Hilaire d’Ozilhan

https://www.labellevie-hotel.com/