À l’atelier de l’artiste Sergi Barnils

Peintre et céramiste, l’artiste catalan expose à la Galerie Atelier de Barcelone jusqu’au 30 juin prochain et a ouvert, à cette occasion, les portes de son atelier à It Art Bag, pour présenter son univers artistique ludique et bariolé.

Sergi Barnils est un artiste catalan assez méconnu en France, dont l’oeuvre à la plasticité colorée et texturée retient pourtant l’attention. À la galerie Atelier, ses grands monochromes gravés côtoient ses céramiques colorées jusqu’au 30 juin prochain. Dans son atelier, l’artiste revient sur ses influences et sur son univers artistique particulier. 

Un catalan en Italie

Né en Guinée Équatoriale en 1954 dans une illustre famille de Sant-Cugat-del-Vallès (Catalogne), l’artiste Sergi Barnils a passé la majeure partie de sa vie dans la ville natale de ses parents. Avocat avant d’être artiste, il a finalement suivi sa voie et installé son atelier, et ce depuis quarante ans, dans un grand entrepôt familial, accolé à Mercantic, l’adresse de référence des antiquaires de Sant-Cugat. Dans cet espace baigné de lumière, les grands formats réalisés à différentes époques de sa carrière se rencontrent, mais rien n’est terminé, précise l’artiste. « Tout ces travaux sont en cours, en faire plusieurs à la fois est stimulant », explique le créateur.

Depuis 1992, son travail est défendu par la Canals Art Galerie (Sant Cugat), dont le directeur, Josep Canals, est un ami de longue date. Son oeuvre diffusée en Espagne a rapidement attiré l’attention de collectionneurs italiens et depuis 1994, Sergi Barnils est représenté par la galerie Marco Rossi de Milan, qui a contribué à diffuser son oeuvre en Italie. La technique singulière qu’il utilise pour nombreuses séries participe largement à son succès à l’étranger. S’apparentant à la gravure à la pointe sèche, sa technique requiert la préparation de sa toile en amont, en l’enduisant d’un mélange de résine et de cire, formant un vernis épais, qu’il grave ensuite de son langage plastique unique, affiné au fil des années. Vient finalement l’étape de la mise en couleur, « la partie la plus intéressante, car c’est elle qui donne aux oeuvres leur âme », explique Sergi Barnils.

Un univers abstrait infusé de spiritualité

La calligraphie de Sergi Barnils s’est constituée à partir du figuratif, qui caractérise ses oeuvres de jeunesse, lorsqu’il peignait des paysages à la manière des impressionnistes comme Alfred Sisley, bien qu’il ne se considérait « pas aussi doué que lui », dit-il à It Art Bag. Progressivement, il s’est donc tourné vers l’abstraction. « Mon langage personnel est venu après », ajoute Sergi Barnils.

Amoureux de la lecture, l’artiste s’inspire en particulier, ces dernières années, du livre de l’Apocalypse. Dans ce dernier livre de la Bible, deux chapitres évoque la cité céleste, un Paradis à la végétation luxuriante. De ce récit, il codifie son langage à partir de nombreux symboles. Parmi ces derniers, il y a notamment le château, qui évoque la forteresse spirituelle, inspirée de l’univers biblique, mais aussi le triangle, évocation de la divinité et le chemin, représentation de la sécurité, qui sont particulièrement récurrents dans ses compositions. 

« C’est un langage spirituel, mais qui a aussi avoir avec ma foi en tant que telle. J’aime travailler sur ce sujet. De nombreux grands artistes ont travaillé sur des épisodes bibliques, comme Chagall et Kandinsky au XXème siècle, mais aussi les artistes flamands avant eux comme Rembrandt. Aujourd’hui, beaucoup moins d’artistes s’y aventurent, car c’est à contre-courant de notre époque. Les institutions estiment que ce n’est pas le sujet du moment », précise l’artiste. Ses titres évoquent également cette inspiration biblique, tels que les compositions Paramètres de la Nouvelle Jérusalem I (2020) ou Et Dieu a dit que la lumière soit (2020).

Liberté de la forme et couleurs flamboyantes

Dans plusieurs séries de dessins faits au pastel à l’huile, technique utilisée notamment par Basquiat que Sergi Barnils utilise depuis plusieurs années, l’artiste développe un langage beaucoup plus libre, énergique et toujours abstrait, qui reste avant toute chose une ode à la couleur. C’est le cas des compositions Chaos et désolation III (2019) et Merveilles de la cité céleste (2020), qui présentent cet univers abstrait composé de tracés aléatoires.

L’usage d’un cerne noir autour de ses figures flamboyantes, sur de grandes compositions abstraites, dans un style plus précis dans la ligne que les précédentes qui mêle ses symboles caractéristiques, représente également une partie importante de son travail. Le pastel intitulé Sa Bonhomie durera pour Toujours (2014) en est un exemple particulièrement représentatif, au même titre que ses variations en volume, lorsqu’il utilise la céramique, notamment sa grande série intitulée Veaux d’une Terre Nouvelle (2014).

Julie Goy

Jusqu’au 30 juin 2023

Ametista

Galerie Atelier, Plaça Rovira i Trias, 9, 08024 Barcelone

Du lundi au vendredi, de 10h30 à 14h00 et de 17h00 à 20h00

Site internet de l’artiste : https://www.sergibarnils.net/