Les murs épais du fort de Vaise accueillent du 30 juin au 30 juillet 2023 la minutie de l’artiste Thaïva Ouaki lors de l’exposition-restitution : Artefacts, Une histoire d’objets. Fruit d’une résidence d’artiste de trois mois où Thaïva Ouaki a pu apprivoiser, s’accoutumer et s’éprendre des lieux et de la collection de la Fondation Renaud que les a investis.
Habituée des résidences d’artistes, la Fondation Renaud entend interroger la matérialité et la multiplicité des objets de sa collection sous l’angle personnel et acéré d’un artiste invité. C’est l’idée même du travail de Thaïva Ouaki qui s’applique à activer la poésie, l’esthétisme d’objets utilitaires rescapés de l’oubli. Sortis de leurs domaines d’action qui révèlent de l’usage rural, artisanal, militaire ou sacré, les multiples objets qui constituent cette exposition sont à apprécier d’un point de vue plastique, purement visuel, que les photographies de l’artiste mettent en évidence.
En effet, grâce à un cadrage photographique minutieux et à une mise en scène précautionneuse, l’artiste a su figer l’harmonie des objets de la collection. Empruntant au genre de l’installation, elle transforme des objets obsolètes en véritables sculptures et armée de son appareil photo, elle sublime leurs contours révélant toute leur sophistication.
Découpant l’exposition en trois axes – le quotidien et le progrès, le travail aux champs et la guerre – Thaïva Ouaki a considéré les objets comme des parties d’un tout non sans négliger leurs particularités. Voilà toute la subtilité de son travail qui a consisté à réunir des objets afin de leur donner du sens mais également de les distinguer, de trouver des résonnances entre eux mais également de sublimer leurs détails et leurs irrégularités. Les diverses formes à chapeaux et chaussures en bois que l’artiste a rassemblées semblent ainsi évoquer l’hétérogénéité du genre humain.
Pour procéder à sa restitution, Thaïva Ouaki s’est, avant toute chose, muée en inventoriste, photographiant individuellement des objets posés au sol pour mieux les visualiser et ensuite les regrouper. Ces photographies parsèment l’exposition au côté des objets exposés et entrent en résonnance avec ceux-ci. Tel est le cas des différentes faux, du hachoir à quatre lames ou encore des douilles d’obus gravées par des soldats qui, selon l’éclairage choisi, révèlent sa leur portée émotionelle. Plus encore, les fleurs blanches en plâtres, symboles d’espoir, confectionnées et glissées par l’artiste à l’intérieur de l’une des douilles achèvent de personnifier et de réenchanter l’objet.
La dernière salle abrite, elle, des objets témoins du progrès de l’humanité. Les bocaux de pharmacies s’entassent tout comme les planches de lettres à décalquer, le tout accompagné de photographies qui viennent accentuer telle ou telle parcelle d’un objet lui donnant un aspect colossal et mirifique.
Enfin, l’intérêt de l’exposition réside dans l’action protéiforme de Thaïva Ouaki qui endosse simultanément le rôle d’artiste, de scénographe et de commissaire d’exposition. En effet, cette dernière a su prendre à la fois la collection et le lieu d’exposition comme objets d’études. Elle ne s’attache pas uniquement à révéler la grâce des objets mais investie également l’espace pour explorer son potentiel symbolique. Thaïva nous invite ainsi à apprécier aussi bien la mise en espace que la mise en récit d’œuvres qu’elle a prodigieusement interprétées.
Cassandre Specty
Du 30 juin au 30 juillet 2023,
Fort de Vaise, 27 Bd Antoine de Saint-Exupéry, 69009 Lyon
Du vendredi au dimanche de 14h à 18h