Au théâtre La Flèche, « Sanga », une pièce touchante et engagée

Sanga est un spectacle transdisciplinaire qui raconte l’histoire d’une petite fille confrontée au mariage forcé. Mis en scène avec brio par Clio Van de walle, et interprété par tout un casting de comédiens et danseurs talentueux, il narre le récit de l’enfant en alternant les tonalités dramatiques et les interludes comiques, sans jamais céder au désespoir.

À travers le théâtre, la danse contemporaine et le rap, Sanga semble donner la parole aux victimes : en effet, le mari violent n’est jamais montré, et nous ne vivons l’histoire qu’à travers les yeux de l’enfant devenant ensuite jeune fille. Le choix de ne pas montrer la violence rend la pièce accessible aux enfants comme aux adultes, sans pour autant transiger sur le message et le rendre mièvre. En effet, Sanga n’est jamais présentée comme impuissante, et le spectacle semble être une manière pour elle de se saisir de son destin.

Le rôle principal est porté tantôt par Sheryne Bara, qui interprète Sanga petite, et tantôt par Calypso Buijtenhuijs, qui incarne Sanga jeune adulte. Les deux actrices maîtrisent autant le jeu théâtral, que la danse, et surtout le rap — le texte qu’elles psalmodient ensemble pour clore le spectacle nous émeut aux larmes.

C’est le premier rôle au théâtre de la plus jeune, qui n’a que 12 ans. Calypso, elle, a déjà joué dans de nombreuses séries, et sorti plusieurs singles sous son nom de scène Sopycal. Mathias Louis, musicien, réalise toute la partie sonore de la pièce en live. Nous pouvons également admirer le jeu de Charlie Fargialla, Annie Milon, Arno Nguyen, Clio Van de Walle et Paola Guyot. Les chorégraphies du danseur Sipan Mouradian illustrent quant à elle les tourments intérieurs des personnages.

Le théâtre La Flèche, situé au cœur du 11ème arrondissement, accueille ce spectacle de la compagnie Indigo, qui a été réalisé dans le but de porter une réflexion sur la place des femmes dans la société, et donc de même, en creux, sur celle des hommes. La metteuse en scène s’est rapprochée d’associations luttant contre le mariage forcé des enfants, telles que la Maison des Femmes de Saint-Denis ou bien SOS Mariage forcé, pour nourrir sa création et réaliser Sanga de manière responsable. Elle a également pris soin de pas caractériser ses personnages par leur pays d’origine, religion, ou classe sociale, pour que son message puisse être reçu par tous et toutes. Chaque spectateur, petit ou grand, tirera quelque chose de cette représentation, qui ne peut qu’émouvoir.

Marie Agassant

du 7 octobre au 9 décembre 2022

Théâtre la Flèche, 77 rue de Charonne, 75011 Paris

Tous les vendredis à 19h