Place Vendôme, ce vendredi 1er juillet, a été inaugurée l’installation « Blés Vendôme » de l’artiste Gad Weil, en place jusqu’au 7 juillet 2016, œuvre poétique en mettant en enluminure des blés, symboles de renaissance et d’espoir.
«C’est un hommage au blé, symbole universel de la renaissance, qui doit disparaître chaque année pour toujours renaître la saison suivante.
(…) de blé, de bois et de sable, c’est l’espoir qu’en 2016 – après les terribles meurtrissures des attentats en France – comme les blés, nous renaîtrons collectivement de nous-même dans une société meilleure ».
Près de 500 personnes (agriculteurs, techniciens, étudiants) ont œuvré pendant 6 mois pour aboutir à cette présentation éphémère. Cette œuvre de 2800m² est composée d’1 million d’épis soit 10 tonnes de blé, de 120 m3 de sable, d’1 km de socles en bois et de 4 tonnes de peinture !
Le travail de l’artiste prend ses sources dans celui des enlumineurs du Moyen-Age :
« Le geste patient et méticuleux des enlumineurs qui recouvraient de peinture la matière végétale des manuscrits (…). L’enluminure pour sa douceur chromatique et sa réaction vivante à la lumière »
Le poème « le Blé » de Jean Jaurès l’a aussi inspiré :
(…) »L’union de la terre et du soleil n’eût pas suffi à engendrer le blé. Il y a fallu l’intervention de l’homme, de sa pensée inquiète et de sa volonté patiente. Les anciens le savaient lorsqu’ils attribuaient à des dieux, image glorieuse de l’homme, l’invention de la vigne et du blé.
Mais, depuis si longtemps, les paysans voient les moissons succéder aux moissons et les blés sortir de la semence que donnèrent les blés ; la création de l’homme s’est si bien incorporée à la terre, elle déborde si largement sur les coteaux et les plaines que les paysans, tombés à la routine, prennent pour un don des forces naturelles l’antique chef-d’œuvre du génie humain.
Et comment, en effet, sans un effort de l’esprit, s’imaginer de façon vivante que cette grande mer des blés qui, depuis des milliers d’années roule ses vagues, se couchant, dorée et chaude en juin, pour redresser en mars son flot verdissant et frais, gonflé encore peu à peu en une magnifique crue d’or, comment s’imaginer que cette grande mer, dont les saisons règlent le flux et le reflux, a sa source lointaine dans l’esprit de l’homme ?« .
Blés Vendôme, c’est aussi une rencontre avec Chanel, mécène de ce travail qui sera exposé ensuite à Saumur, ville de naissance de Gabrielle Chanel qui a toujours vu dans le blé son porte bonheur et qui n’a cessé de s’en entourer.
« Avec Blés Vendôme, je veux rappeler à tous combien l’esprit de l’homme, lorsqu’il agit avec respect et attention, sait dialoguer avec la nature, y puiser l’inspiration et en cueillir les fruits pour nourrir et embellir l’humanité ». (Gad Weil)
Sur cette place – ô combien minérale – le plasticien Gad Weil veut susciter une « interrogation collective sur le rapport de l’homme à la nature« . Mission accomplie !
Véronique Grange-Spahis
Photos : Alain Robert