Un récit poétique en noir et blanc, voilà ce qui attend chaque visiteur dans les nouveaux locaux de la fondation Henri Cartier-Bresson, au 79 rue des Archives en plein coeur du Marais. Poétique? Si Cartier-Bresson est photo-reporter, notamment pour le magazine Life dans les années 40, il n’en reste pas moins un “electron libre” nous confie Ying-Iung Su, l’un des deux commissaires d’exposition. Un électron libre qui pose sur la Chine en pleine révolution en 1948 un regard artistique, esthétique, franc, vrai.
Dans la Cité interdite. Pékin, décembre 1948
Tour à tour apparaissent les différents aspect d’une Chine à l’aube d’une ère nouvelle, loin des clichés.
Un aveugle est guidé par un enfant tenu en laisse.
Cette exposition a mis deux ans à venir au monde grâce à une collaboration entre Chine et France. Ce sont 114 clichés qui sont exposés sur les murs de la salle d’exposition, et environ 200 photographies à retrouver dans l’ouvrage Henri Cartier-Bresson : Chine 1948-1949/1958 publié aux éditions Delpire.
Une seule déception toutefois : celle de ne pouvoir admirer les archives couleurs qu’à travers les couvertures du Life.
Une choix audacieux de la part du photographe lui-même, qui de son vivant ordonne de ne garder que les bobines en noir et blanc. Choix artistique, politique? Peut-être, même si les commissaires ne peuvent l’affirmer. Mais choix qui avant tout permet de créer une continuité, un univers qui hâpe le spectateur. Car “le plus important c’est la photo pour elle-même, avant le reportage. Ce que veut [Cartier-Bresson] c’est l’homme, pas l’événement”.
Ying Iun Su devant la couverture d’exposition
Tournant dans la vie de ce photographe, sa déception fut de n’avoir jamais pu photographier les lignes maoistes.
Le spectateur lui, en ressort touché par l’instantanéité des clichés, les scènes atypiques et autres plus graves. Une image frappante pour son actualité attire l’oeil, son titre aussi : Des enfants passent devant une affiche expliquant que les mères doivent aussi aller à l’école date de 1958
Seule mention des femmes, grandes absente de l’exposition au profit des hommes, signe sous-jacent des disparités et de la place de ces dernières tant dans la société asiatique que dans les mentalités européennes.
Aussi,il vous est donc possible d’aller voir une Chine haute en couleurs, à la fois politique et poétique, qui oscille entre tradition et modernité de son nationalisme ancré à la proclamation de sa république en 1949 – un voyage dans l’espace et dans le temps – en plein cœur de Paris.
Sixtine Bénatier
Jusqu’au 2 février 2020
Fondation Cartier-Bresson
79 rue des Archives, 75003 Paris
Du mardi au dimanche de 11 à 19 h