Christian Lu, peintre entre héritage et modernité

C’est sur les quais de Seine, à proximité de la bibliothèque François Mitterrand, que Christian Lu, artiste franco-chinois, a choisi de vivre et de peindre. C’est avec la plus grande courtoisie et la même hospitalité qu’il vous accueille, afin de vous narrer les différentes étapes de son parcours artistique, qui sont autant de vies passionnantes.

Arrivé à Paris en 1981, à l’âge de 30 ans, Lu Yong’an (陆永安), de son nom d’origine, sur la recommandation des grands maîtres Liu Haishu et Lin Fengmian, respectivement spécialiste de la peinture à l’encre de Chine et de la gouache, se présente à l’atelier de Zao Wou-Ki, dans le quartier de Montparnasse. En quelques heures, le célèbre peintre, ami de Picasso et de Malraux, l’adopte d’emblée.

Pendant près de 7 ans, Christian reste aux côtés de Zao pour l’assister, devenu entre-temps, son père spirituel en quelque sorte. Habité par la volonté de préserver l’âme de la peinture traditionnelle chinoise, Christian Lu souhaitait également lui donner une dimension plus contemporaine. C’est la raison pour laquelle il décida de visiter tous les grands musées internationaux pendant une dizaine d’années, afin de comprendre l’évolution de l’histoire de l’art occidentale, au cours des trois derniers siècles. C’est au cours de cette nouvelle période d’étude, qu’il trouva la voix de sa peinture, subtile synthèse de lumières et de couleurs, au service de l’unité des cultures asiatique et européenne.

Maître de la couleur, il y en a une à laquelle Christian Lu rend un hommage particulier : le bleu. Symbolisant la nature, cette couleur, chère à Jacques Majorelle et Yves Klein, est subtilement traitée par notre peintre en la décomposant, faisant ressortir de fait toutes les nuances qu’elle renferme. Travaillant l’huile à la façon de l’encre de Chine, tant dans la technique que dans la pensée, Christian Lu revisite des paysages imaginaires, riche de beautés et d’onirisme, illustration terrestre, s’il en existe, de limbes paradisiaques.

C’est tout naturellement qu’en septembre 2017, l’Élysée demanda à Christian Lu de bien vouloir accepter de créer une œuvre, incarnant l’offrande de la communauté chinoise de France à la Chine et à son président, à l’occasion de la visite d’État d’Emmanuel Macron en 2018. Christian Lu eut donc l’honneur d’accompagner le président de la République Française lors de cette visite.

La force d’un rêve*, huile sur toile de près d’un mètre sur deux, symbolise à elle-seule les liens diplomatiques et culturels qui unissent nos deux peuples. Cette plongée picturale dans les nuances du bleu, nous transporte des abîmes les plus profonds de l’océan, aux confins les plus éloignés de la voie lactée, nous amenant ainsi à réfléchir sur notre condition humaine et son avenir, dans une symbiose harmonieuse entre les éléments.

Assurément, l’œuvre de Christian Lu est une philosophie à elle-seule, matérialisation spirituelle d’un enracinement profond, fidèle aux traditions multi-millénaires de la Chine, mariées aux valeurs contemporaines de l’Occident.

*Les œuvres de Christian Lu sont présentes au Musée national de Chine à Beijing, au Palais de l’Elysée et au murs de célèbres collectionneurs et amateurs d’art dans le monde.

Nicolas Callegari