Dessiner l’or et l’argent, Odiot orfèvre (1763-1850)

Dessiner l’or et l’argent, Odiot orfèvre (1763-1850)

A la preview de l’exposition, mardi 7 mars 2017, les yeux des invités brillaient autant que les pièces présentées !

L’exposition « Dessiner l’or et l’argent. Odiot orfèvre (1763-1850) » propose la confrontation inédite des projets dessinés et des pièces exécutées au sein de l’atelier de Jean-Baptiste-Claude Odiot. Une sélection de près de 100 dessins, présentés pour la première fois au public, est mise en regard avec les 33 pièces d’orfèvrerie du musée, afin de dévoiler le processus créateur de l’orfèvre.

Jean-Baptiste-Claude Odiot a édifié, au cours du premier quart du XIXe siècle, la maison d’orfèvrerie française la plus prospère et la plus fréquentée par toutes les cours européennes de son temps. Livrant de somptueux services pour la table et des ensembles prestigieux comme la toilette de l’impératrice Marie-Louise et le berceau du Roi de Rome, Odiot est l’un des plus illustres orfèvres sous l’Empire et la Restauration.

Le musée des Arts décoratifs conserve un ensemble exceptionnel de 33 pièces d’orfèvrerie et de 176 dessins originaux de l’atelier d’Odiot classés œuvres d’intérêt patrimonial majeur. Depuis leur acquisition en 2009, les dessins sont dévoilés pour la première fois avec cette exposition qui confronte les œuvres graphiques aux objets d’art et révèle ainsi le processus de création et les recherches de l’orfèvre.

Provenant de l’atelier d’Odiot et classé œuvre d’intérêt patrimonial majeur par le ministère de la Culture, le fonds du musée des Arts décoratifs, d’une extrême rareté par son importance numérique et sa qualité d’exécution, constitue la première collection publique d’œuvres graphiques de l’orfèvre.

Datés du premier quart du XIXe siècle, ces dessins, d’une grande finesse d’exécution, sont réalisés au graphite ou à la plume, rehaussés de lavis d’encre, d’aquarelle ou de gouache. Représentant différents stades de la création, des premières esquisses aux projets d’exécution et aux dessins de présentation pour les clients, ils dévoilent les recherches d’un atelier d’orfèvrerie. Sur des feuilles de parfois plus d’un mètre de haut sont figurées, à grandeur réelle, des pièces relevant du domaine des arts de la table, ainsi que des objets de toilette et de bureau.

Cette variété typologique fait revivre le faste de la table et le raffinement de la toilette au début du XIXe siècle. Les dessins proposent différentes versions d’un même modèle en déclinant les appliques d’ornement, les anses ou les prises.

Au fil des feuilles prend forme un véritable répertoire ornemental devenu la signature d’Odiot, conjugué au gré des commandes avec régularité du début de l’Empire à la fin de la Restauration. Seuls dix dessins du fonds sont signés et révèlent les noms des collaborateurs d’Odiot tels que les dessinateurs Auguste Garneray (1785 -1824 ) et Adrien-Louis-Marie Cavelier (1785- 1867), ou l’orfèvre Jacques-Henry Fauconnier (1779-1839). Les dessins rendent également compte des services livrés pour les prestigieux commanditaires d’Odiot, comme l’impératrice Joséphine, Madame Mère, Jérôme de Westphalie, le comte Nicolas Demidoff et la comtesse Branicki. Ces 176 dessins complètent un fonds d’orfèvrerie constitué de 31 modèles en bronze ainsi que d’un sucrier et d’une coupe « sein de Vénus et papillon » en vermeil.

Fontaines à thé, soupières, coupes, verrières, seaux à rafraîchir, huiliers, salières… Tout comme les dessins, les modèles en bronze relèvent de typologies variées. Les prises, les anses, les pieds et les appliques d’ornement sont prétexte à déployer un vocabulaire ornemental foisonnant issu de l’Antiquité. Autour de Bacchus et de son cortège, central dans l’iconographie des pièces et dessins d’Odiot, sont présents Hébé, Cérès, Léda, Vénus, Adonis, Flore ou encore des allégories de la Victoire.

Choisis pour leur plasticité, les serpents, cygnes et autres sirènes prêtent leur souplesse et leur sinuosité au dessin des anses, tandis que les sphinges ailées monopodes et les griffes de lion constituent des motifs désignés pour former les pieds des pièces. Les frises ornant les panses sont peuplées de rinceaux habités de panthères ou de pampres alternant avec des roseaux, des épis de blé et des dauphins.

Donnés par Odiot lui-même à la chambre des Pairs en 1835 dans le but d’œuvrer à sa propre postérité mais également de servir son art en suscitant l’émulation chez ses successeurs, les 31 modèles connaissent une histoire complexe. D’abord exposés au musée du Luxembourg, consacré au XIXe siècle aux ouvrages de peinture et de sculpture des artistes vivants, ils gagnent dès 1852 les réserves du musée du Louvre où ils sont peu à peu oubliés.

 

Jusqu’au 7 mai 2017

Musée des arts décoratifs
107, rue de Rivoli – 75001 Paris
du mardi au dimanche de 11 h à 18 h (Nocturne le jeudi jusqu’à 21 h)

photos : Alain Robert