Une exposition qui fait du bien.
Ce lieu de passage, de rencontres, d’artistes, invite le visiteur à flâner au sein d’une forêt de dessins, d’énergies et de désespoirs qui se tournent le dos comme dans deux mondes distincts.
Un parcours lumineux aux couleurs vives pour les énergies, un chemin sombre et angoissant, fait de noir et de blanc pour les désespoirs…
C’est grâce à une riche collaboration entre géographes, urbanistes, architectes, artistes, metteur-en-scène que ces 120 affiches illustrées par Bonnefrite ont vu le jour, le fruit d’enquêtes, de discussions et d’inspirations diverses. Cette exposition collective est le reflet de nous-mêmes, des ondes positives et des tourments qui nous animent.
Ce collectif créatif est composéd’Encore Heureux, agence d’architecture qui revendique une posture de « généreux généralistes », de Bonnefrite, qui accompagne Encore Heureux depuis quelques années et qui a mis en visuel toutes les problématiques soulevées ainsi que de l’Ecole Urbaine de Lyon. Ila réussi avec ingéniosité à magnifier ce lieu et à toucher et questionner le visiteur.
Sous chaque grande affiche, se trouvent des cartels qui expliquent l’énergie ou le désespoir représenté. C’est un petit texte simple et concis qui en dit pourtant beaucoup.
Venez en famille, entre amis, en amoureux et même dans le cadre scolaire. Cette sortie est tout public et son sujet concerne tous les citoyens du monde.
En fonction du sens de notre parcours, nous sommes soit confrontés à toute la beauté humaine, son devoir d’action, ses idées ingénieuses et sa solidarité, soit, à l’inverse, à toute son avidité, son opportunisme, son égoïsme, son désir de pouvoir, son inhumanité.
Quel bel exemple d’anthropocène !
Ainsi, le visiteur est autonome. Les œuvres, les cartels et la mise en scène se suffisent à eux-mêmes. Nous nous enfonçons dans cette forêt qui recèle mille et une choses, de multiples émotions, d’idées foisonnantes, de problèmes frissonnants…
Un conseil : Commencez par les désespoirs pour finir sur une belle note en gardant foi en l’humain et toutes ces belles mobilisations pleines d’énergies !
Soudain, nous nous sentons moins seuls dans notre lutte pour un monde meilleur, nos petites actions du quotidien sont bel et bien efficaces dès lors que nous saisissons que de nombreuses personnes se sentent tout autant concernées… !
Nous pouvons même ajouter notre petite pierre à l’édifice en placardant un post-it parmi ceux des autres visiteurs pour livrer une énergie et un désespoir sur deux murs qui cette fois, sont face-à-face.
Et ce lieu… Le collectif n’aurait pas pu faire mieux.
Cette œuvre in situ qui dénonce la crise de l’habitabilité avec tact en passant par un format simple, figuratif, esthétique mais aussi très littéral – notamment avec la reprise de slogans drôles et intelligents tirés de manifestations – a trouvé au Centquatre sa juste place.
Quoi de plus parfait en effet que cet espace d’art qui respire la spontanéité et la liberté, l’ouverture sur le monde et la solidarité ?
Comme une cathédrale, cette grande halle ouverte accueille la lumière qui vient baigner les affiches. Cet endroit respire ; la mise en scène est très bien articulée et nous rappelle que même dans le plus grand des désespoirs, l’espérance a toujours sa place pour faire émerger des énergies toutes plus ambitieuses les unes que les autres !
Mathilde Nicot
Du 29 mai au 1 août 2021
Au CENTQUATRE, 5 rue Curial, 75019 Paris