Qui a dit que les contes étaient pour les enfants ? Malgré leur apparence enfantine, les contes, dans leur version originale, ne sont pas si innocents, ils sont même souvent assez violents.

Et à la fin ils meurent, La sale vérité sur les contes de fées est une pièce inspirée de la bande-dessinée éponyme de Lou Lubie et adaptée au théâtre par Antoine Brin. Elle met en scène quatre personnages qui décident tout simplement de ne pas nous mentir. Mais doit-on les remercier ?
Oui, car il faut bien sortir de nos désillusions. Cependant, ce n’est pas aussi douloureux que de sortir de la caverne de Platon. Ce spectacle nous arrache de nos préjugés tout doucement grâce au rire. Et un rire franc qui n’arrive parfois plus à se contrôler.
L’enchaînement des différentes histoires et personnages est bien rythmé. Pas le temps de s’ennuyer. Les comédiens Pierre-André Ballande, Virgile Daudet, Clara Leduc et Leïla Moguez prennent toutes les casquettes : le prince charmant un peu niais, la demoiselle (plus ou moins) en détresse, la grand-mère qui regrette sa jeunesse, le grand méchant loup ou même le petit chien parlant. Un résultat hilarant.
Le message reste tout de même assez sérieux et très actuel. La bande dessinée, sur laquelle se base l’adaptation, est le fruit d’une recherche poussée. Les contes, malgré leur univers merveilleux, sont les reflets d’une société à une époque donnée. Ils banalisent des comportements totalement répréhensibles aujourd’hui. Par le rire, cette comédie révèle le sexisme et la violence que ces contes, que l’on pense tous connaître, continuent parfois de véhiculer. Une véritable prise de conscience. Les nombreux anachronismes permettent notamment intelligibilité, rire et modernité.
Pour une comédie (dés)enchantée qui fait rire, cette pièce est à ne pas manquer. Pour une comédie (dés)enchantée qui fait réfléchir, il ne vous reste plus qu’à acheter des billets.
Mathilde Rémy
Du 19 mars au 24 mai 2025, du mercredi au samedi à 19h.
Théâtre de la Manufacture des Abbesses, 7 rue Véron, 75 018 Paris