La galerie intemporelle de Caroline Guth Mirigay
Le parcours de Caroline Guth Mirigay :
Après le baccalauréat, elle ne fait pas les beaux-arts comme sa mère aurait souhaité mais elle s’oriente vers un BTS force de vente puis choisit enfin d’étudier la philosophie pour comprendre l’art qu’elle pratique elle-même en tant que peintre. Après avoir enseigné pendant quelques années la philosophie au lycée, elle décide de partir à Londres où elle organise des « cafés-philo » pendant lesquels elle partage son intérêt pour l’art et notamment l’art conceptuel en lien avec la philosophie.
Elle n’a jamais souhaité vivre en tant qu’artiste et être dans l’incertitude mais cela ne l’empêche pas de continuer à peindre en toute liberté, sans contraintes.
La galerie :
Située dans le XVIIIe arrondissement de Paris, à deux pas de Montmartre, la galerie qui se veut un lieu d’échange, s’intègre parfaitement dans ce quartier dynamique. Elle a été créée dans le but d’être en dehors de toute idéologie d’histoire de l’art. Caroline Guth Mirigay y présente aussi bien des peintures que des sculptures ou encore des photographies dans une volonté de diversité artistique.
Son nom « L’achronique » fait référence non seulement à l’imprimerie qui occupait autrefois les lieux mais également au caractère intemporel de l’art que Caroline propose aux visiteurs.
Le déclic a eu lieu en 2015 quand elle et son mari ont trouvé ce lieu où tout était à refaire et où elle pouvait tout imaginer selon ses envies. Ouverte depuis huit mois, la galerie a déjà proposé plusieurs expositions et c’est actuellement l’artiste Nikolaï Kouzmine qui est à l’honneur jusqu’au 2 juin.
Pour définir sa galerie Caroline s’exprime ainsi « La galerie est en dehors de la mode et du temps car les deux sont liés. C’est un lieu intemporel. »
La démarche de Caroline Guth Mirigay :
Sa galerie est un lieu de promotion de l’art, c’est une galerie-mécène. L’artiste-galeriste (comme elle se définit elle-même) ne réalise pas de profits avec sa galerie mais réinvestit l’ensemble des fonds pour financer les expositions et les activités qu’elle propose.
Le matin, elle donne des cours de peinture, de sculpture et de philosophie dans l’atelier pour allier la création artistique et la réflexion philosophique et l’après-midi, la galerie est ouverte au public qui souhaite découvrir les œuvres exposées.
Elle accorde beaucoup d’importance à la différence entre art et artisanat et souhaite exposer un art humain. Elle pense que l’art n’est pas philosophique mais est investi d’une dimension visuelle, charnelle, émotionnelle, pratique et choisit donc les artistes qui ont une démarche artisanale. Elle veut un art à la jonction entre « les vieux trucs et le conceptuel ».
Elle ne fait pas de concession et doit être convaincue par la démarche des artistes, l’originalité de la pensée et refuse les peintures qui se veulent uniquement décoratives.
Ce qui compte c’est la cohérence qu’elle perçoit entre la pensée de l’artiste et sa pratique, il faut que ça concorde, que ce soit intéressant sur le plan intellectuel car « la culture c’est de la pensée ».
Caroline Guth Mirigay a une approche intellectuelle incarnée, l’objet ne doit pas être un prétexte.
« C’est l’objet qui doit dominer, pas l’artiste ; l’œuvre doit pouvoir porter le discours de l’artiste. »
Dans sa galerie, elle prône sa volonté d’initiative privée qui est selon elle l’un des meilleurs moyens de promotion culturelle. Elle veut que sa galerie soit un lieu de visibilité d’un art français. Son but est de créer une petite communauté d’artistes unis par le désir de partager et d’échanger. Elle propose dans sa galerie un projet de solidarité entre des artistes qui se comprennent. En opposition avec le système hiérarchique de notre société qui est par essence contradictoire avec la démocratie, Caroline Guth Mirigay souhaite se tourner vers une conception d’avenir avec ce lieu de reconstruction hybride.
Elle lutte contre la passivité et est très intéressée par le point de vue de Jean-Philippe Domecq, écrivain. Elle pense que : » c’est aux humains de choisir le monde dans lequel ils veulent vivre. »
Les projets :
Caroline Guth Mirigay souhaite ouvrir en 2017 l’espace situé à l’arrière de la galerie (plus de 100 m²) pour accueillir des conférences et des rencontres avec le public. Elle veut monter un projet culturel d’ampleur avec des petits spectacles, du théâtre, … toujours dans cet esprit de partage et de mécénat.
A long terme, elle aimerait créer une fondation avec notamment les œuvres données par les artistes au fil des expositions.
Galerie L’achronique, 42 rue du Mont Cenis, 75018 Paris.
Ouverte du lundi au samedi de 15h à 19h
http://www.achroniqueatelierartiste.net/
Marion Vital, étudiante Master 1 Marché de l’art, IESA Paris.