La saison Haute Couture Hiver 2020/2021 s’est métamorphosée pour cause de pandémie. Là où les habitudes semblent s’effacer et les transformations s’accélérer, le contexte sanitaire inédit amène les Maisons à se réinventer.
Cette saison la Maison Franck Sorbier s’est associée avec le musée des Arts et Métiers – Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) pour écrire une nouvelle histoire : « Il Medico della Peste ». Face à un Maître d’Art et à un écrin exceptionnel du patrimoine technique et industriel français, c’est la rencontre entre amoureux de l’histoire, des savoir-faire et de la créativité pour dessiner les contours de l’avenir.
C’est dans son église que le film – réalisé par Amaury Voslion, et tourné aussi dans le musée – a été présenté ainsi que les vêtements et accessoires.
Il Medico della Peste :
Cette collection met en scène un des personnages majeur de la Comedia dell’arte : Il Medico.
En effet, à l’époque de la peste noire, la ville de Venise payait les médecins pour soigner les malades riches et pauvres. Si ce masque au long bec peut faire penser à un oiseau, il n’est autre qu’un filtre garni d’herbes odorantes, d’épices, de citron, de feuilles de menthe, de camphre, de laudanum, de myrrhe et de pétales de roses. Un filtre capable de protéger de l’épidémie transmise par l’air. Une canne en bois était utilisée afin d’ausculter les patients.
La statue de la Liberté apparaît ligotée, emballée, bâillonnée, tout un Symbole … Quant à la peste alias la COVID 19, elle est incarnée par Ophélia Kolb et Il Medico, par Alexandre Risso, alias le corps médical, à qui nous ne pouvons que rendre hommage.
Chaque scénette, chaque silhouette sont associées à des innovations surprenantes et ingénieuses dont le musée des Arts et Métiers – Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) en est riche au sens noble du terme.
Transposée dans une époque Victorienne, l’histoire met en avant “l’esprit Maître d’Art”, et côté mode, place donc au Paisley et vieilles dentelles.
« Le Paisley est un châle pashmina en cachemire ou en laine douce ou une savante combinaison de ces matières où intervient la soie, tissé en jacquard à motifs fortement influencés par des éléments persans. Ces châles ont été fabriqués au Cachemire dès le début du XVème siècle. Depuis 1586, les femmes européennes les ont portés, drapés sur leurs épaules. Mais c’est à l’époque Victorienne et Edouardienne que leur succès est à l’apogée. (..) Les couleurs sont chaudes : rouge, roux, brun, chaudron, orange mais aussi décalées comme le rose pâle, le vert amande ou absinthe, le bleu porcelaine et le jaune de Naples. Sur certaines pièces, les motifs sont soulignés, par touche, d’or et de cuivre.
Le noir vient ponctuer toutes les silhouettes. Nous le découvrons sous de multiples facettes. Les dentelles sont majoritaires mais aussi le velours froissé, le taffetas et tulle brodé ornementé de petits ex-voto mexicains, en argent (Ah Maria Felix, quand tu nous tiens !). Nous l’avons nommé « les sortilèges du noir ».
Une pantomime de broderies de perles anciennes en fil de soie, de passementeries, de fleurs en tissu, de jais ancien, de dentelles de soie du XIXème siècle, de dentelles de Lyon rebrodées et incrustées morceau par morceau … Les époques et les géographies se bousculent, les vêtements affirment leur identité sans complexe. C’est ludique, guerrier, élégant, drôle, charmant, nostalgique … Un joyeux tintamarre.
La Commedia della Moda ! »