La Chute de Camus

C’est une superbe pièce que nous présente le metteur en scène Géraud Bénech interprétée à merveille par le talentueux comédien Stanislas de la Tousche.

La pièce se joue dans une salle de ce petit théâtre situé au cœur de Paris où un décor simple et efficace est mis en place.

L’interprétation du dernier roman d’Albert Camus est jouée sur scène avec une incroyable justesse. Le comédien se met dans la peau de Jean Baptiste Clamence, personnage principal et unique de ce récit pour nous conter son histoire, sa « chute » et les événements qui l’y ont conduit.

La pièce commence avec l’enregistrement d’une voix qui cite un extrait crucial du roman. Ensuite, le comédien rebondit en prenant la parole et nous raconte le début de ce moment décisif qui a permis cette histoire, moment sur lequel il reviendra plusieurs fois jusqu’à se rendre compte que c’est ce moment qui a changé sa vie.

Dans un bar à Amsterdam, Monsieur Clamence vante ses qualités, il se considère comme un homme qui a réussi sa vie et est toujours là pour les autres, il aide les malvoyants à traverser la rue, fait l’aumône et est un avocat réputé qui défend les bonnes causes, il juge les veuves et les orphelins. Un long monologue commence, avec des apartés qui s’adresse à une personne invisible ou peut-être au public. Le personnage continue l’histoire de sa vie et du jugement qu’il porte sur les autres. C’est quelqu’un, malgré son succès envers les femmes dont il nous fait part, qui a l’air très seul.

Vient alors la suite de l’enregistrement du début de la pièce où l’on apprend que le héros de l’histoire a échoué à aider une femme qui s’est suicidée devant lui (ou plutôt derrière, car il ne s’est même pas retourné). Après cet incident, lui qui se disait si altruiste, a des envies cruelles, il voudrait pousser les malvoyants dans la rue, frapper les enfants, une culpabilité le ronge et le pousse dans le vice. Il n’a plus du tout confiance en lui, lors d’une anecdote pathétique il ne peut même pas se défendre contre un motard qui l’a insulté et perd alors tout son amour-propre et le respect qu’il pensait inspirer aux autres. Il essaie alors de se remettre en question et s’adonne à son propre jugement. Il dit que tout le monde est jugé coupable alors que personne n’est désigné innocent. Finalement, personne n’est complètement innocent, il cite même Jésus pour qui de nombreux enfant auraient été tués lors du massacre des innocents.

Dans cette atmosphère sombre Jean Baptiste Clamence tente tant bien que mal de se sortir de sa culpabilité et pense un moment qu’il est guéri puisqu’il arrive à aimer une femme. Mais lors d’un voyage avec cette femme sur un transatlantique, il voit un débris de bateau qu’il prend pour un corps humain, et alors tous ses souvenirs remontent à la surface. Il réalise qu’il ne sera jamais vraiment guéri et que sa culpabilité le suivra jusqu’à la fin de sa vie.

Les mercredis et jeudis à 19h

Théâtre de La Contrescarpe, 5 rue Blainville, 75005, Paris

Texte : Lison Desgrées du Loû

Photos : Fabienne Rappeneau

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