« La Logique des Lieux » à la fondation Fiminco, une nouvelle forme d’introspection

La fondation Fiminco nous propose l’exposition des œuvres de 12 artistes en résidence sur les thèmes du lieu, de l’appropriation et du mouvement. Depuis septembre, les artistes ont emménagé le bâtiment situé à côté de la fondation afin de collaborer et créer un travail en 6 mois autour de l’impact des lieux et de leur souvenir.

On retrouve des paysages déconstruits mais également des paysages en dialogue et en mouvement. Les artistes jouent sur l’influence des milieux de vie sur l’art. Ils mélangent leur monde personnel avec la perception commune de ces habitats.

Comme introduction à l’exposition, Younès Ben Slimane nous propose d’entrer dans la question des lieux et de la déconstruction de leur représentation que l’on s’en fait. Ces vidéos de paysages tunisiens permettent de redonner une importance et une vie à ces sites abandonnés. L’artiste pose le problème de ce qui est à considérer encore comme précieux. Ce travail anthropologique met en exergue l’influence que la manière de filmer et d’expérimenter le paysage ont sur l’image.

À la suite de l’exposition, nous avons accès à une pièce projetant un court-métrage de 40 minutes réalisé par Pooya Abbasian. À travers son film et quelques photos, il fait un parallèle entre les notions de gentrification et d’appropriation culturelle en mettant en avant comment la fiction peut être représentée dans la réalité et inversement. Ce documentaire est le 3ème film d’une trilogie autour de territoires impactés.

Les artistes nous dévoilent leur manière de transformer les images selon leurs envies. Ils cherchent à tout remettre en question tout en restant dans le mystère.

On découvre ensuite un décor de chambre réalisé par Darius Dolatyari-Dolatdoust en collaboration avec Sarah-Anaïs Desbenoit qui apporte une dimension féérique afin de donner vie à un espace. Les objets mis en scène entretiennent un rapport avec le corps alors que cet espace intime est un lieu du quotidien. Un film est également projeté dans la chambre afin de faire référence au cinéma qui est pour eux une grande inspiration. Ainsi à travers le décor et les vidéos, différents points de vue sont mis en forme.

Dans la continuité de l’exposition, on retrouve un rapport à la nature et à l’histoire des lieux assez présent. Apparaissent les questions des liens qui nous unissent et notre relation à l’extérieur par le biais de positions hybrides et la fluidité du travail. L’homme s’approprie et domestique les formes de la nature en interagissant avec elle.

Ces esthétiques différentes permettent de découvrir des mondes et un rapport au lieu différent et nouveau. Les artistes dénoncent le capitalisme par ce besoin d’être toujours à la mode et de consommer plus. Mais ils cherchent également à ouvrir le dialogue et poser les bonnes questions. L’artiste a ce rôle de s’adapter à l’ère du temps afin de transmettre ses messages et de le bouleverser.

À l’étage, nous retrouvons en premier temps des œuvres de Simone Prouvé des années 70. De manière abstraite, elle a créé des interprétations de matières en les tissant. Elle raconte l’influence des milieux de vie et parle du rapport de la matière à l’industrie.

Dans la seconde pièce de cet étage, on découvre plusieurs œuvres impressionnantes dont les peintures de Pascale Rémita. Elle propose des interprétations d’images et paysages dans lesquels elle a vécu mais dont elle ne se souvient plus. Elle tente de garder ce lien qu’elle a avec son enfance à travers cet espace et joue sur les phénomènes de perception en sélectionnant et isolant ce qu’elle veut montrer. Ce moyen de retranscrire ses réminiscences lui permet de se rappeler de ce que sa conscience a éloigné.

Ces rapports aux territoires sont précieux et remémorent leur influence sur nos comportements. D’une certaine manière, nos milieux de vie nous définissent et ne sont pas à négliger.

Une exposition impactantee qui invite à la méditation, à s’ouvrir à de nouveaux horizons et à prendre en compte la pertinence de leur effet sur nous.

Eugénie Van Rijn

Du 25 avril au 23 juin 2024

Fondation Fiminco, 43 rue de la Commune de Paris, 93230 Romainville

Ouvert de 14h à 18h tous les jours sauf le dimanche et le lundi