La ménagerie de Chantilly

A partir du Moyen-Âge, posséder des animaux exotiques est un marqueur de richesse et de pouvoir auquel prétendent, dès la Renaissance, les seigneurs de Chantilly.

A travers 50 œuvres, livres et documents d’archives du musée de Condé, de la bibliothèque de l’Institut de France et du Muséum national d’histoire naturelle, les visiteurs découvriront une exposition retraçant trois siècles d’histoire animalières au château de Chantilly.

Cette exposition La ménagerie de Chantilly est parfaitement bien agencée dans le sublime cabinet des livres du château.

Amateurs d’animaux rares, le connétable Anne de Montmorency et son épouse sont les premiers, dès le XVIe siècle, à introduire de nombreux animaux étrangers aux abords de leur château.

Au XVIIe siècle, les successeurs des Montmorency poursuivent et augmentent l’introduction d’animaux.

Les cheptels s’accroissent à tel point qu’à la fin du XVIIe siècle, il apparaît indispensable de leur construire un lieu spécifique, une ménagerie, digne de celle de Louis XIV à Versailles.

Dans les jardins de Chantilly, la nouvelle ménagerie, devient un espace de fête, de curiosité et de sociabilité incontournable jusqu’à la Révolution.

Elle devient si célèbre que l’on peut observer de nombreuses références, notamment sur des cartes d’un jeu de Cavagnole, datant de 1776-1780.

Le parc et la ménagerie édifiée sur la rive droite du Grand Canal abritent des spécimens colorés et délicats. Mais il y a également d’autres spécimens plus féroces ou plus rustiques, tous rassemblés par les propriétaires successifs du domaine pour leur beauté, leur exotisme, ou leur étrangeté.

Parmi les dessins naturalistes des animaux de Chantilly, on peut ainsi observer celui d’un buffle, ou encore celui plus étrange d’un bélier à six pattes.

Une fois mort, les animaux les plus rares continuent de présenter un intérêt scientifique et leur squelette était ensuite conservé dans le Cabinet d’histoire naturelle de Chantilly.

L’exposition présente également des plans, des documents iconographiques qui permettent de s’immerger dans la ménagerie spécialement construite pour les animaux et le divertissement des invités, à une époque où les peintures de Christophe Huet connaissent un grand succès.

Ces documents permettent de montrer que la ménagerie ne fut pas seulement le lieu de résidence des animaux. Ses bâtiments d’apparat, comme la Laiterie, l’Appartement des tableaux ou celui de « Palais d’Isis », sont au cœur de la vie mondaine et festive du château de Chantilly.

Au XVIIe siècle, la ménagerie reflète le savoir éclairé des princes.

Elle est une référence pour le monde savant. En effet, Buffon, Valmont de Bomare ou le duc de Croy entreprennent plusieurs voyages pour admirer les animaux de Chantilly.

Buffon cite dans son Histoire Naturelle générale et particulière, publiée à partir de 1749, des rennes, des ours d’Amérique, et bien d’autres animaux inconnus en France.

De son côté, le naturaliste Valmont de Bomare fait l’éloge des cygnes de Chantilly.

L’exposition proposée au Château de Chantilly, nous montre que cette ménagerie était un point de convergence de la zoologie, de l’architecture animalière, de l’art, de la curiosité scientifique. Et qu’elle s’inscrit pleinement, jusqu’à sa disparition en 1792, dans la vie culturelle et mondaine des XVIIe et XVIIIe siècles.

Commissariat : Florent Picouleau, chargé des archives du musée de Condé

Olivia Bellin-Zéboulon

Crédits photo : Michel Urtado, René-Gabriel Ojeda, Bibliothèque et archives du musée de Condé

Du 7 septembre 2021 au 3 janvier 2022

Château de Chantilly, 60500 Chantilly

ouvert de 10h à 18h / 20h pour le parc. Fermeture hebdomadaire le mardi

Réservations sur place ou en ligne :

https://billetterie.domainedechantilly.com/fr-FR/accueil