La remise des Prix Avenir Métiers d’Art 2024

C’est au sein de l’Auditorium du Louvre que s’est déroulée le 28 mars 2025 la remise des Prix Avenir Métiers d’Art. Les prix de ce concours étaient destinés à récompenser des jeunes artisans issus de lycées ou de formations professionnelles implantés dans toute la France. Perçu comme un « tremplin » professionnel, ce concours mettait en valeur l’importance de la transmission du savoir-faire pour la sauvegarde du patrimoine. Les dix lauréats étaient divisés en trois catégories de formations professionnelles : niveau 3 (CAP), niveau 4 (BAC PRO, BMA) et niveau 5 (BAC +2/3, BTS, DMA, DNMAD). La révélation des récompensés était entrecoupée de trois tables rondes, où le premier prix menait la discussion avec son professeur et son maître de stage ou d’apprentissage. Ces discussions révélaient l’amour profond qui avait poussé non seulement ces jeunes mais aussi leurs tuteurs à faire perdurer des techniques magnifiques et porteuses d’histoire. Que cela soit de la plumasserie, de l’horlogerie ou de la dorure sur cuir, ces dix lauréats nationaux nous ont impressionnés par non seulement leur créativité mais aussi leur innovation.

Fatima Mogni et sa console :

Pascal Schudy et son Lucanes Cervus :

Blandine Mercier et son Kennedy revisité :

C’est Fatima Mogni qui ouvre le bal avec son élégante console, produit de son CAP d’ébéniste au lycée Denis Diderot dans la région PACA. Elle est suivie par Pascal Schudy avec son impressionnant Lucanes Cervus de bois massif, puis par Blandine Mercier qui obtient le premier prix avec son Kennedy revisité. Ce dernier cache une surprise, son tissu velouté est issu d’un animal, et pas n’importe lequel : l’autruche. Blandine Mercier, en faisant appel à ses deux CAP, l’un de modiste et l’autre de plumasserie, a su tisser des plumes d’autruche en un tissu quadrillé. A l’arrière de son chapeau, elle a fait un rappel de ce quadrillage qui parfait le style raffiné de la création. A la question de son métier futur, Blandine Mercier répond avec un sourire que la nouvelle génération d’artisans se doit de « créer de nouveaux métiers » qui mêleront plusieurs disciplines.

Lancelot Brondy et son Shinshitsu no hanga :

Dorian Kerivel et son Buffet Mistral :

Gabriel De Sevin-Bandeville et son travail de reliure et de dorure sur cuir :

Au quatrième niveau (BAC PRO, BMA), le troisième prix est remporté Lancelot Brondy grâce à son meuble Shinshitsu no hanga aux inspirations japonaises. Le deuxième prix est remporté par le Buffet Mistral de Dorian Kerivel, puis le premier prix par Gabriel De Sevin-Bandeville pour son splendide travail de reliure et de dorure sur cuir sur une collection des œuvres de Molière. Gabriel De Sevin-Bandeville a un parcours des plus atypiques : se destinant tout début à la religion, il va découvrir lors de son séminaire l’art de la reliure et c’est un véritable coup de cœur. Troquant l’étude de la Bible pour celle de la reliure, il a même créé sa propre entreprise. Son travail est remarquable : les six œuvres sont serrées dans un caisson de cuir rouge, où leurs tranches enluminées forment un motif floral. Mélangeant les influences artistiques du 17ème siècle et de l’art déco, le thème du cosmique (prenant son origine dans le fait que Molière était le dramaturge attitré du Roi Soleil) est repris de façon moderne sur le dos des livres et s’entrelace parfaitement avec la tranche des livres en donne un rendu raffiné et hautement désirable. Gabriel De Sevin-Bandeville souligne que si l’on « ne vit pas corps et âme pour son métier, ile ne faut pas se lancer ».

Lauriane Begue et son costume :

Raphaëlle Saucet et son Sediendo :

Ella Nicole, le prix coup de cœur :

Eve Biehler et son Altaïr :

Les lauréats du niveau 5 (BAC +2/3, BTS, DMA, DNMAD) délaissent l’ébénisterie au profit du costume, comme le manteau pour la pièce de théâtre Cendrillon de Lauriane Begue, et Sediendo, un meuble de rangement moderne pour l’alcool avec lumière intégrée qui a été réalisé par Ella Nicole ou la boîte à image nippone de Raphaëlle Saucet. Le premier prix laisse pantois : c’est une magnifique montre à affichage de heures vagabondes avec ses trois cadrans en forme de fleurs et d’étoiles qui tournent pour indiquer l’heure. Sa créatrice, Eve Biehler lui a conféré le doux nom d’Altaïr, référence aux sciences arabes.
Les Prix Avenir Métiers d’Art 2024 révèlent non seulement la brillance et la créativité de ces jeunes qui utilisent le savoir du passé pour produire des œuvres tournées vers le futur, mais aussi l’excellence de la formation professionnelle proposée. La beauté des œuvres présentées souligne ô combien il est important de donner plus de visibilité à ces formations trop peu valorisées.

Clara Alle