La Fondation Thalie à Bruxelles accueil le travail de peinture et de sculpture de l’artiste Agnès Thurnauer, s’inspirant des problématiques migratoires actuelles.
Un travail de peinture engagé
La salle d’exposition principale montre une série de grandes toiles aux couleurs savamment maitrisées et aux compositions semblables les unes aux autres.
On y remarque de grandes cartes géographiques dans lesquelles s’imbriquent des personnages et des mots relevant du corps et de la terre.
Ces toiles évoquent la crise migratoire à laquelle nous sommes confronté. Les personnages forment des chaines humaines, on aperçoit des murs et des barbelés que l’on escalade. Tout dans ces oeuvres n’est que tension symbolique, autant dans les couleurs complémentaires que dans l’imbrication des personnages dans les cartes.
Les corps s’entremêlent, pour l’artiste, cela représente une chaine de solidarité sans début ni fin entre les êtres qui luttent ensemble.
Les couleurs utilisées pures évoquent la violence de la cause évoquée. On peut d’ailleurs voir dans ces toiles de nombreuses références aux peintures révolutionnaires comme la fameuse Liberté de Delacroix.
Le langage comme véritable outil plastique
L’autre partie du travail d’Agnès Thurnauer est axée essentiellement sur le langage. Des moulages de lettres de l’alphabet sont disposées comme des ilots au milieu de la pièce et incitent le spectateur à une déambulation entre les sculptures.
L’artiste déconstruit le langage et le montre comme facteur culturel qui tend à séparer les hommes. Mais, sur des toiles crayonnées, elle finit par reconstruire des mots. Le langage devient alors un facteur liens entre les êtres.
On se pose alors la question de l’héritage culturel. Qu’emportons-nous avec nous quand nous quittons notre pays d’origine ? Comment migrons-nous d’une langue à une autre ?
Toutes ces problématiques sont habilement soulevées par ce travail audacieux.
Au-delà de la portée politique de son travail,Agnès Thurnauer montre le langage comme véritables liens entre les hommes. Elle dépeint ainsi la situation actuelle mais donne également des solutions pour répondre aux enjeux qu’elle soulève.
Rébecca Girerd
Du 16 janvier au 8 mars 2020
Fondation Thalie, 15 rue Buchholtz 1050, Bruxelles