Bourreau mélancolique, bourreau de l’ombre, bourreau qui hache et qui tranche, bourreau musicien, bourreau scientifique. Dans ce roman historique, Daniel Tonachella dévoile le mystère du bourreau de Paris lors de la révolution française et des années napoléoniennes ; l’auteur peint un peuple enragé qui veut goûter au sang et un bourreau qui s’approche de la folie.
Daniel Tonachella dans son livre Le bourreau mélancolique capture un tableau ironique de la révolution française depuis le point de vue de maître Sanson, fils d’une lignée de bourreau. Comment la révolution des lumières et de la pensée cache sous son joug une cruauté infinie ? Sanson, maître de la performance, dévoile les derniers instants des anonymes et plus grands personnages de France, que ce soit La du Berry, la favorite de Louis XVI, le roi lui-même, les cordeliers… Tous passent sous sa hache.
Dans ces moments incertains le peuple danse, hurle et chante devant la guillotine de maître Sanson. Le peuple décrète que le roi doit mourir ? Alors « la planche bascule. [Sanson] actionne le déclic. Le couperet tombe. Fin de Louis » (p.139) et ensuite, les spectateurs reprennent leurs festivités.
Sanson est plongé au cœur des débats et des intrigues politiques. C’est ainsi que le bourreau dévoile la face cachée des lumières, avec ses morts innocents qui passent à la hache alors que « le jury aura décidé « en conscience » qu’ils sont tous coupables. Sauf un, car toujours on innocente un second couteau pour prouver l’impartialité des débats« . (p.336)
Avec ses personnages haut en couleur, complexes et humoristiques, Daniel Tonachella nous fait vivre la détresse d’un peuple perdu et d’un bourreau, qui sombre dans une mélancolie certaine.
Fanny Essel
Le bourreau mélancolique de Daniel Tonachella
Edition Panthéon – Date de parution : 9 janvier 2024 – nombre de pages : 496 – 30 euros.