Le château de Beynac, la plus emblématique forteresse médiévale de France

Depuis neuf siècles – en 1115 – le donjon du château de Beynac se dresse dans la vallée des cinq châteaux. Au cœur du Périgord Noir, le site associe patrimoine naturel et héritage culturel. Il a été édifié par les barons de Beynac qui contrôlent depuis ce lieu les voies routières et navigables de la Dordogne. Les transporteurs devaient s’acquitter auprès du Seigneur de Beynac d’un droit de passage renforçant ainsi la puissance économique de ce dernier.

Au cours de la guerre de cent ans, il sert de place forte française, la Dordogne servant de frontière entre la France et l’Angleterre, il fait face au château de Castelnaud pris par les anglais.

Le château est bâti à même la roche, à flanc de falaise. Sa position stratégique sur la Dordogne, axe de circulation privilégié au Moyen Âge, lui confère une assise économique et militaire. Il a été le témoin de grands faits historiques. Son destin est lié à celui du duché d’Aquitaine dont hérite Richard Cœur-de-Lion, aux tumultes du catharisme, et au jeu des conquêtes de la Guerre de Cent Ans.

Avant de pénétrer dans le château, un magnifique point de vue sur la Vallée des 5 Châteaux, ainsi nommée car on y dénombre le Châteaux de Beynac, Le Château des Milandes, Feyrac, Castelnaud et Lacoste :

La partie la plus ancienne du château est un gros donjon roman carré, vertigineux, aux rares percements, agrafé d’une bretèche et d’une échauguette, accosté d’une cage d’escalier en vis, mince comme un contrefort et terminé par une terrasse crénelée. D’un côté, un logis de la même époque lui est juxtaposé ; il a été retouché et agrandi aux XVIe et XVIIe siècles. De l’autre côté, c’est un logis en partie XIVe siècle, auquel sont accolés une cour et un escalier de plan carré desservant des appartements du XVIIe siècle.

Les appartements ont conservé des boiseries et un plafond peint du XVIIe siècle ; la salle de réunion des États du Périgord est ainsi nommée parce que s’y réunissait la noblesse des quatre baronnies, celles de Beynac et Biron pour le sud et celles de Bourdeilles et Mareuil pour le nord ; elle garde une belle cheminée Renaissance sculptée de bucranes ; cette salle donne sur un petit oratoire entièrement décoré, au XVe siècle, de fresques parmi lesquelles une Pietà, un saint Christophe, une cène dans laquelle saint Martial est le maître d’hôtel. On peut également y voir de somptueuses tapisseries représentant des scènes de chasse et d’autres scènes de la vie des seigneurs de l’époque, ainsi que la reproduction de l’étendard de la famille de Beaumont-Beynac, propriétaire du château depuis le XVIIIe siècle jusqu’en 1961.

Du haut du donjon :

Les chatelains au cours des siècles :

En 1194, le seigneur du château, Adhémar de Beynac, meurt sans héritier. Richard Cœur-de Lion est roi d’Angleterre mais aussi duc d’Aquitaine. Il n’apprécie pas que les Beynac rendent hommage au comte voisin, le comte de Toulouse. En effet ce dernier est un vassal du roi de France, ennemi de Richard Cœur-de-Lion ! Il veut s’assurer de la fidélité du château et profite de l’absence d’héritier pour placer un homme de confiance à sa tête : le capitaine routier Mercadier. Mais Richard Cœur de-Lion meurt en 1199 et Mercadier en 1200. Le château revient dans la famille des Beynac : Pons, le frère d’Adhémar, est le nouveau seigneur.

La famille de Beynac s’est éteinte en 1753 avec Pierre dernier marquis de Beynac qui épousa en 1727 Anne-Marie Boucher, dont il eut deux filles : Julie qui épousa le marquis de Castelnau et Claude-Marie qui épousa en 1761 Christophe Marie de Beaumont du Repaire (1731-1802), maréchal de camp. La famille de Beaumont du Repaire ajouta Beynac à son nom et porte depuis le titre de courtoisie de marquis de Beaumont-Beynac.

En 1962, le château est acheté aux enchères pour 170 000 francs par Lucien Grosso, qui a fait fortune dans le milieu des casinos et boîtes de nuit de Marseille et d’Abidjan. Il entreprend de le restaurer et de lui redonner vie, aidé ensuite par Denise Grosso, qu’il épouse une dizaine d’années plus tard. Lucien Grosso décède le 16 juillet 2008, âgé de 98 ans, et Denise poursuit son œuvre jusqu’à sa propre mort le 17 février 2016. (Leurs cendres reposent dans l’oratoire du château)

Lucien et Denise Grosso, n’ayant pas de famille, ont choisi en 1999 de léguer le château à Albéric de Montgolfier, passionné par le patrimoine et fils de conservateur de musée, afin qu’il puisse continuer leur œuvre. Une mission acceptée et qui continue aussi avec son épouse et leurs filles.

Château de Beynac, Beynac Haut, 24220 Beynac-et-Cazenac

ouvert de 10 h à 18 h 30 – fermeture en janvier

http://chateau-beynac.com/

photos : Véronique Spahis