Le Hasard merveilleux

Devant le théâtre de la Contrescarpe, ce mardi 7 janvier, le public se bouscule. Dans la salle, au sous-sol – à l’image des vieilles salles parisiennes – tous les fauteuils sont occupés, le public bavarde joyeusement. Sur la scène, un ballon de handball. Un sac de sport. Une veste orange. Un foulard.

Rideau.

La reprise du monologue Handball, le Hasard merveilleux semble rencontrer un succès honorable. La date est marquante. Ce même jour, il y a cinq ans, l’actrice Brigitte Guedj lisait pour la première fois ce texte écrit par Jean-Christophe Dollé. Ce même jour, un attentat islamique éclatait au siège de Charlie Hebdo.

Le retour aux sources fortuit de cette coach de handball féminin d’Aubervilliers “ juive par [sa] mère algérienne par [sa] terre, musulmane par le mari de [sa] tante, française par choix et chrétienne par hasard”, s’il parle des liens familiaux complexes, sous-tend un discours sur la religion, la foi, l’appartenance, la tolérance. La résonance avec ces attentats qui se multiplient en France est frappante.

Le jeu est convaincant, personnel, émouvant. La femme stricte, ultra masculine se comprend à la lumière de la petite fille qu’elle était, endurcie par un père méchant, puritain. L’alternance de ces tableaux rythme la pièce, entre la rigidité de l’adulte, pleine d’humour aux phrases cocasses, et l’enfant arrachée à sa terre, ses jouets, une partie de sa famille en 1962 -début de la guerre- et qui, à travers ses yeux innocents, tente de comprendre l’injustice.

Un propos de femme sur les femmes, leur place dans la religion et la culture. Un manifeste plein de fougue et de tendresse qui explore le temps et l’espace pour se redécouvrir en tant que femme, juive, franco-algérienne fière de l’être, qui exècre les dérives religieuses, les dérives humaines. L’actrice se révèle sur les planches, avec brio.

Sixtine Bénatier

Crédits photographiques : Fabienne Rappeneau

Le pitch :

Un merveilleux hasard ramène Sylvie, entraîneure de l’équipe de handball féminine d’Aubervilliers, dans sa ville natale : Constantine en Algérie, ville qu’elle a dû quitter encore petite fille, en 1962, à la fin de la guerre.

Son passé la rattrape, faisant resurgir des blessures enfouies, des rires et des pleurs qu’il a fallu cacher. Réveillant les visages du passé, elle retrouve le sentier de son enfance que l’exil avait pulvérisé. Ses souvenirs volent au vent, reconstruisant son être, réconciliant dans un rire ce qui jusque-là ne pouvait être réuni.

Un monde magique s’ouvre à nous, où les morts apparaissent, où les objets parlent, où les rêves, les souvenirs et la réalité forment une étrange alchimie. Il paraît même que depuis qu’elle raconte cette histoire la paix règne sur le monde. Vous la croyez ?

De Jean-Christophe Dollé

Avec Brigitte Guedj

Mise en scène Laurent Natrella

7 représentations exceptionnelles en janvier : mardis 14, 21 et 28 à 19h et dimanches 12 à 18h30, 19 à 14h30, 26 à 16h30

Théâtre de la Contrescarpe, 5 rue Blainville 75005