Liu Youjou au Centre Pompidou
Le 24 octobre 2017 au Centre Pompidou, a eu lieu la conférence « Regards croisés sur la peinture », comparant les peintures françaises et chinoises, avec l’intervention de Rémy Aron (artiste peintre, président de la Maison des Artistes, membre de l’académie nationale de peinture de Chine, Yves Kobry (historien d’art, critique d’art) et Liu Youju (artiste peintre chinois, Président notamment de « The China Painting & Calligraphy Artist Association », de « The Guangdong International Chinese Institute of Calligraphy », de « The Guangdong Academy of Chinese Calligraphy»). La conférence avait surtout comme objectif le partage de la parole entre les deux artistes, et les présentations de ces deux peintres étaient articulées comme un trait d’union entre la France et la Chine. À cette occasion, l’espace du Hall 6 du Centre Pompidou était utilisé pour présenter les œuvres de Liu Youju comme prétexte à la poursuite de la discussion.
La conférence a débuté avec la prise de parole de Rémy Aron qui a introduit son discours en soulignant la difficulté, pour un artiste, de parler de son travail.
Il a raconté qu’il a commencé la peinture à l’âge de 15 ans dans le trouble de l’adolescence.
Pour lui, la peinture est le plus haut niveau de l’art humain car elle exige de la discipline et impose des limites liées à son format, qui sont étrangères à la sculpture.
Il a rappelé que pour parler de la peinture, il faut parler de la photographie. Rémy Aron a expliqué que l’invention de la photographie n’entrainait pas la mort de la peinture mais sa libération, en lui permettant de se libérer de sa mission de représenter la réalité.
Il a terminé son discours avec un parallélisme entre la peinture chinoise et française. Il a rappelé le fait que l’homme est au centre de la peinture occidentale et que la nature est repoussée loin du tableau. Au contraire, la peinture chinoise met en avant la nature qui est la représentation de toute chose.
Ensuite, l’historien de l’art Yves Korby a démontré avec divers exemples, comment la peinture orientale a beaucoup inspiré l’art occidental.
Monet était le premier à introduire dans l’art occidental le fait que le paysage ne soit plus construit dans un cadre très précis selon les règles académiques du Quattrocento (1ère Renaissance), mais qu’il peut prendre tout type d’espace et de forme.
De la même façon, un artiste comme Pollock s’est écarté du cadre pour traduire une émotion immédiate avec la représentation du paysagisme abstrait.
Enfin Yves Korby a cité la peinture de Zao Wou-Ki comme la synthèse entre la peinture traditionnelle chinoise et occidentale.
La conférence s’est terminée avec la prise de parole de Liu Youju qui a raconté son parcours artistique considéré en Chine comme hors normes. En effet, il a commencé par la calligraphie et la poésie et seulement après, il s’est intéressé à la peinture.
Il pense que l’art français a beaucoup plus influencé l’art chinois que l’art italien et celui des États- Unis. Il considère aussi que l’art chinois est plus attaché à ses traditions que l’art occidental.
Pour l’artiste, un maitre de l’art est avant tout un penseur, et il a indiqué que le problème du peuple chinois est que leur pensée est figée par la culture du système chinois. Pour Liu Youju, l’artiste doit s’éloigner de son système pour être libre dans sa création.
Nicolas Chauveau Pegaz