L’Orient des peintres – Du rêve à la lumière

Jean Cocteau aurait dit :  » Ce qui compte ce n’est pas l’inspiration c’est l’expiration « 

L’aphorisme se vérifie en cheminant au milieu de ces toiles en compagnie de ces peintres qui tous, de Ingres à Kandinsky, de Delacroix à Matisse, de Gérôme à Paul Klee en passant par Chasseriau, Landelle, Migoney, Guillaumet, Marquet, Camoin et même quelques stars de l’impressionnisme, tous se sont lancés à la poursuite d’un Orient rêvé, d’un Orient imaginaire, loin de l’Orient réel qui pour nombre d’entre eux ne fut qu’un Sud celui des conquêtes militaires de la France au Maghreb.

Rares furent ceux qui, comme Eugène Fromentin, virent la réalité de la colonisation, de la condition des habitants et la montrèrent.

À partir d’une même source d’inspiration aucun d’eux, quel que soit leur talent, ne parvint (ou ne chercha) à peindre autre chose qu’un Orient fantasmé, l’Orient qu’ils avaient en tête avant le voyage en Égypte, en Algérie ou au Maroc.

Qu’ils peignent des Arabes enturbannés, vêtus de burnous ou de gandourah

(que le grand Delacroix assimilait à la toge des patriciens romains) ou qu’ils peignent des scènes au harem, au marché ou encore des paysages, tous rêvent l’Orient et nous font rêver aujourd’hui encore de cet Orient lumineux, mystérieux, sensuel qui n’avait pas tout à fait disparu au 19ème et au 20ème siècle.

Tous rêvaient l’Orient mais aucun d’eux – même Monsieur Ingres, même Chassériau – n’avaient de fascination pour le réalisme qu’ils ne confondaient pas avec le perfectionnisme dont ils étaient capables.

L’exposition du Musée Marmottan-Monet nous prend par la main et de salle en salle nous donne à voir un regard qui change, des palettes qui se transforment après l’époque romantique pour adopter les envolées  de couleurs osées par les impressionnistes puis, un peu avant et après le bref Fauvisme les tons crus qui conduisent à Kandinsky.

Évolution qui passe par le talent de Marquet, de Camoin, de Valotton et, surprise, par celui de Paul Klee présent dans l’exposition avec une œuvre minuscule mais qui mériterait votre visite à elle seule.

Cette petite gouache rehaussée de craie prouve, s’il en était besoin, que l’Orient est une source d’inspiration inépuisable et qui n’a pas fini de nous faire rêver et pour certains d’entre nous de nous faire créer.

Pierre Vauconsant

Jusqu’au 21 juillet 2019

Musée Marmottan Monet

2 rue Louis Boilly

75016 Paris

Ouvert du mardi au dimanche de 10 h à 18 h – nocturne jeudi jusqu’à 21 h