L’Unesco et l’Azerbaïdjan : une aventure commune qui dure depuis 40 ans

Le vendredi 28 avril, l’Unesco a organisé une série d’événements pour explorer l’univers, l’histoire et la culture de l’Azerbaïdjan, à travers une conférence, une exposition photo, un concert et un cocktail aux saveurs azerbaïdjanaises. En tant qu’ancienne république soviétique, l’Azerbaïdjan est devenue une république présidentielle indépendante en 1991, à la suite de l’effondrement de l’URSS. Depuis 2003, le pays du Caucase et voisin direct de la Russie, l’Arménie, la Géorgie et l’Iran est dirigé par le président Ilham Aliyev, fils d’Heydar Aliyev – qui a lui-même présidé la république entre 1993 et 2003.

La journée du 28 avril était alors consacrée à la célébration de deux événements importants : les 40 ans de partenariat entre l’Unesco et l’Azerbaïdjan, ainsi que le 100e anniversaire de la naissance d’Heydar Aliyev, figure politique majeure depuis 1969. Son engagement envers le peuple azerbaïdjanais, tant pendant la période soviétique que post-soviétique, lui a valu le surnom de « Leader de la Nation ».

Elman Adullayev, ambassadeur de la délégation permanente de la république d’Azerbaïdjan auprès de l’Unesco, s’est exprimé fièrement déclarant : « Si l’Azerbaïdjan a obtenu son indépendance il y a 32 ans, comment se fait-il que le pays célèbre ses 40 ans de partenariat avec l’Unesco ? Eh bien, voilà toute l’originalité de l’événement ! En 1983, en pleine ère soviétique, l’Azerbaïdjan accueillait le séminaire national de l’art des tapis orientaux. Sur place, Amadou Mahtar M’Bow, directeur général de l’Unesco, était accueilli par Heydar Aliyev« . Cet évènement a scellé le début d’une étroite et fructueuse collaboration culturelle entre l’Unesco et l’Azerbaïdjan. Depuis, trois sites du territoire azerbaïdjanais ont été inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, et une dizaine de savoir-faire et traditions ont été intégrés au patrimoine culturel immatériel de cette institution mondiale pour la préservation du patrimoine culturel et naturel. L’objectif de cette journée était donc de mettre en lumière le patrimoine culturel azerbaïdjanais, souvent méconnu.

Toutefois, l’ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères d’Azerbaïdjan, M. Hassan Hassanov, présent aux côtés d’Elman Adullayev, a brièvement évoqué les préoccupations actuelles concernant le conflit avec l’Arménie et la mort de plusieurs centaines de jeunes Azerbaïdjanais lors des guerres de Karabakh. En effet, les tensions entre ces deux anciennes républiques soviétiques datant des années 80 concernent principalement leur souveraineté : le pays souverain du territoire du Karabakh, à majorité arménienne mais historiquement rattaché à l’Azerbaïdjan, est encore sujet de dispute entre les deux Etats. Il faut garder à l’esprit que la situation reste également préoccupante concernant les droits de l’homme et la répression des voix de l’opposition. Malgré cela, la thématique du rendez-vous ne semblait pas propice à cette discussion politique.

D’autres personnalités éminentes ont pris part à la conférence, notamment M. Vafa Mustafayev, ancien Chef de la Section Asie et Pacifique de l’Unesco, et M. Genc Seiti, Directeur de la Division des Relations Extérieures de l’Unesco. La représentante de la Fondation Heydar Aliyev, Mme Fidan Yusibova, était également présente. Tous ont prononcé des discours insistant sur la richesse et la diversité du patrimoine, de la culture et de l’héritage de l’Azerbaïdjan. L’ambassadeur, délégué permanent de l’Azerbaïdjan à l’Unesco, M. Elman Adullayev a promis de continuer à « promouvoir l’humanisme partout dans le monde » et à « favoriser les partenariats inter-culturels ».

Parmi les célèbres sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, on trouve en premier lieu la cité fortifiée de Bakou, la capitale, qui comprend le palais des Chahs de Chirvan et la tour de la Vierge, premiers sites inscrits sur la liste en 2000. En 2007, ils ont été rejoints par le paysage culturel d’art rupestre de Gobustan, et en 2019, le centre historique de Sheki, situé au nord-ouest du pays, avec le palais du Khan, a également été ajouté à la liste. Figurer sur la liste de l’UNESCO ne se résume pas à un simple titre honorifique, cela offre également une visibilité accrue ainsi que des financements potentiels pour la préservation et la rénovation des biens inscrits, contribuant ainsi à leur pérennité.

M. Hassan Hassanov a aussi souligné l’importance de plusieurs éléments du patrimoine culturel immatériel inscrits sur la liste de l’Unesco. Le tissage de tapis, la production de cuivre et le Chovgan, un jeu de course équestre, sont des exemples de traditions préservées. La préparation et le partage du dolma, un plat à base de viande, oignons, riz, pois et épices enveloppé de feuilles fraîches ou précuites, est également inscrit sur la liste. Des éléments culturels tels que la danse folklorique Yalli, la Fête de la Grenade, la célébration du Nouvel An et le port du kelagai, un foulard en soie traditionnel pour femmes, complètent cette liste prestigieuse.

La conférence a ensuite été ponctuée par l’intervention enthousiaste de plusieurs acteurs de ce partenariat.

La conférence fut suivie d’une courte exposition photographique parsemée de clichés des moments évoqués précédemment. Grâce à un accès aux archives nationales d’Azerbaïdjan, on a pu voir M. Koichiro Matsuura aux côtés du « leader national », Heydar Aliyev ; l’ancien président admirant des tapisseries traditionnelles ou encore des femmes Azerbaïdjanaises vêtues du costume féminin national.

Finalement, c’est au septième étage du bâtiment de l’Unesco que s’est terminée la soirée. Sona Azizova, talentueuse Azerbaïdjanaise de 14 ans, représentante de l’Azerbaïdjan à l’Eurovision Junior 2021 et arrivée deuxième à The Voice Kids Azerbaïdjan 2020-2021, a donné le coup d’envoi. Elle a interprété avec émotion les chansons traditionnelles Sari gelin et Shusham menim. Le talent de Sona Azizova a été suivi de celui des musiciens Etibar Asadli au piano et Alafsar Rahimov au balaban – petit instrument à vent ressemblant à une flûte au timbre riche, vibrant et mélodieux. L’instrument sera d’ailleurs inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco cette année. Le son mélancolique et émouvant du balaban, entremêlé de l’énergie du piano, le rock parfois jazz de la guitare électrique et le rythme de la batterie donnent un résultat impressionnant mixant tradition et modernité. Enfin, la soirée se termine en beauté avec la prestation de Sahib Pashazade, grand virtuose qui manie le tar avec une aisance inouïe. Il ne fait plus qu’un avec son instrument à corde, il ferme les yeux et nous transporte dans son univers.

Les artistes azerbaïdjanais, dont l’inspiration est profondément ancrée dans leur culture, ont un talent indéniable qui ne manque pas d’impressionner le public. La culture azerbaïdjanaise est une véritable mosaïque de traditions, de savoir-faire et de patrimoine qui ne demande qu’à être explorée et découverte. Alors, en célébrant sa culture et en faisant connaître son patrimoine, l’Azerbaïdjan continue de susciter l’intérêt et la curiosité du monde.

Maya Choserot

Site de l’Unesco, Organisation des Nations unies pour l’Education, la Sciences et la Culture : https://www.unesco.org/fr

Liste des sites d’Azerbaïdjan inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco :  https://whc.unesco.org/fr/etatsparties/az

Instruments traditionnels évoqués : le tar et le balaban

Musiciens et chanteurs : Sahib Pashazade (tar), Etibar Asadli (piano), Alafsar Rahimov (balaban) et Sona Azizova (chant)