Luxembourg est un paradoxe urbain : minuscule sur la carte mais riche en contrastes, à la fois forteresse millénaire et laboratoire d’architecture contemporaine. En quelques pas, on passe d’un dédale médiéval à des esplanades modernes, de jardins en belvédères à des galeries d’art dernier cri. Ce portrait propose une traversée de la ville par ses lieux emblématiques — places historiques, monuments, panoramas, musées et art public — pour mieux comprendre comment le Grand-Duché conjugue mémoire et modernité.



Aux origines : une forteresse au cœur de l’Europe
Le destin de Luxembourg s’écrit dès le Xe siècle, lorsque le comte Siegfried acquiert un rocher stratégique au-dessus de l’Alzette, connu sous le nom de Lucilinburhuc. Autour de ce noyau fortifié, la cité se développe et devient un poste clé sur les routes commerciales et militaires de l’Europe médiévale. Au fil des siècles, Espagnols, Français, Autrichiens et Prussiens y laissent leur empreinte en renforçant ses remparts, si bien qu’au XIXᵉ siècle, Luxembourg était surnommée « le Gibraltar du Nord ».
La démolition progressive des fortifications, entamée après 1867, a libéré de vastes espaces devenus aujourd’hui boulevards et parcs. Pourtant, la ville conserve ses souvenirs défensifs : remparts classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, souterrains et bastions, autant de témoins d’une histoire militaire qui structure encore sa topographie.
Malgré sa population de 135 000 habitants, la ville de Luxembourg a le caractère d’une métropole dynamique et multiculturelle. Des personnes issues de plus de 170 nations vivent dans la capitale du Grand-Duché et apprécient à la fois les courtes distances et le charme historique de la ville.
La ville de Luxembourg offre de multiples visites et promenades. Pour un city break de deux jours, en voici quelques-unes à découvrir à pied ou en transport en commun (gratuits !).
Le centre historique et ses places
Place d’Armes : Créée au XVIIᵉ siècle comme terrain de manœuvres, la Place d’Armes est désormais le cœur animé de la ville haute. Entourée de bâtiments à arcades et bordée de cafés, elle accueille concerts, marchés et événements saisonniers. Les guides édités par la Ville de Luxembourg la décrivent comme le « salon » de la capitale — un point de rencontre entre habitants, visiteurs et musiciens de rue.
Place Guillaume II : À quelques rues, la Place Guillaume II, surnommée le « Knuedler » (nœud de ceinture en luxembourgeois, en référence aux franciscains qui occupaient autrefois le site), est dominée par l’Hôtel de Ville et la statue équestre du grand-duc Guillaume II. C’est le lieu des cérémonies officielles, mais aussi un espace vivant avec ses marchés hebdomadaires.
Place Clairefontaine : Plus discrète, la Place Clairefontaine est connue pour la statue en bronze de la grande-duchesse Charlotte, œuvre du sculpteur français Jean Cardot inaugurée en 1990. L’ambiance y est plus calme, presque intime, malgré la proximité des bâtiments administratifs.
Place de la Constitution et la Gëlle Fra : Sur un promontoire qui domine la vallée de la Pétrusse, la Place de la Constitution est célèbre pour la Gëlle Fra (« Dame dorée »), un monument aux morts érigé en 1923. La statue dorée, suspendue au sommet d’un obélisque, est devenue un symbole national. Elle rend hommage aux Luxembourgeois tombés pendant la Première Guerre mondiale et, plus largement, à l’engagement du pays dans les conflits du XXᵉ siècle.
Le Palais grand-ducal : Ancien hôtel de ville, le Palais grand-ducal est aujourd’hui la résidence officielle du chef de l’État. Son style renaissance flamande, ses balcons ouvragés et ses toits en lucarnes font de sa façade un repère visuel dans le centre. Des visites guidées sont proposées en été, mais même fermé, le bâtiment impressionne par l’élégance de ses lignes et le cérémonial des gardes.






Vues panoramiques et patrimoine religieux
Le Chemin de la Corniche : Surnommé « le plus beau balcon d’Europe » par un écrivain local, le Chemin de la Corniche longe les anciens remparts et offre une vue imprenable sur les maisons du Grund, les méandres de l’Alzette et les ponts qui enjambent la vallée. C’est une promenade incontournable au coucher du soleil.


La Cathédrale Notre-Dame : Construite par les jésuites au XVIIᵉ siècle, la cathédrale mêle gothique tardif et éléments baroques. Elle abrite la crypte de la famille grand-ducale et accueille chaque année la procession de l’Octave, grande fête religieuse du pays. Ses vitraux modernes dialoguent avec les voûtes anciennes, créant une atmosphère à la fois solennelle et chaleureuse.



Ingénierie et mobilité : Pont Adolphe et Pfaffenthal Lift
Pont Adolphe : Inauguré en 1903, le Pont Adolphe était à l’époque un exploit d’ingénierie, avec sa grande arche en pierre qui franchit la vallée de la Pétrusse. Il est devenu un symbole d’indépendance et figure sur de nombreux documents touristiques comme l’une des icônes visuelles de la ville.

Ascenseur panoramique du Pfaffenthal : Ouvert en 2016, cet ascenseur relie gratuitement la Ville Haute au quartier du Pfaffenthal en 30 secondes. Sa cabine vitrée offre une vue spectaculaire, illustrant la façon dont la ville intègre des solutions de mobilité modernes dans un environnement historique.
Les casemates : Vestiges du système défensif, les casemates sont un réseau de galeries creusées dans la roche dès le XVIIᵉ siècle. Elles servaient à protéger soldats, canons et approvisionnements en cas de siège. Aujourd’hui, les casemates du Bock et de la Pétrusse sont ouvertes au public et figurent dans de nombreuses brochures de l’UNESCO comme exemple unique d’architecture militaire souterraine.









Le Plateau de Kirchberg : art public et architecture contemporaine
Autrefois zone agricole, le Kirchberg est devenu le quartier des institutions européennes, des banques et des sièges internationaux. Depuis les années 1980, le Fonds Kirchberg commande à des artistes internationaux des œuvres destinées à jalonner espaces verts, parvis et ronds-points.
Parmi les pièces phares :
• Richard Serra, Exchange (1996) – deux plaques d’acier monumentales qui modifient la perception de l’espace.
• François Morellet, L’Esprit d’Escalier (1998) – structure géométrique en acier peint, à la fois sculpture et signal urbain.
• Frank Stella, Luxembourg Fan (1993) – relief polychrome transformant la peinture en volume.
• Michael Sandle, Der Krieg (1990) – œuvre sombre et puissante sur la mémoire de la guerre.
• Jean Dubuffet, Le Bel costumé (1994) – figure aux couleurs vives issue de sa série “Hourloupe”.
• Pol Bury, Sphère et demi-sphère (1990) – sculpture cinétique jouant sur les reflets.
• Niki de Saint Phalle, Nana (1994) – personnage féminin joyeux et exubérant.
Les bâtiments y reflètent la diversité de l’architecture contemporaine : tours de verre, façades modulaires, volumes audacieux. La juxtaposition des œuvres et des structures institutionnelles crée un paysage urbain singulier.
La Cour de justice de l’Union européenne : https://curia.europa.eu/jcms/jcms/j_6/fr/
Située au Kirchberg, la CJUE est l’un des symboles architecturaux du Kirchberg. Les tours dorées conçues par Dominique Perrault s’élèvent à plus de 100 mètres, elles sont revêtues de verre et d’un maillage métallique doré, symbolisant la lumière et l’autorité judiciaire. Les extensions récentes complètent l’édifice initial des années 1970, signé par Michel Vaudin et Jean-Paul Hermant.
À l’intérieur et sur les esplanades, des œuvres de François Morellet, Jean-Michel Othoniel et Hervé di Rosa confèrent une dimension artistique à ce lieu institutionnel. L’architecture cherche l’équilibre entre l’autorité (par la monumentalité) et l’ouverture (par la transparence du verre).












Le Mudam : https://www.mudam.com/fr/
Ouvert en 2006, le Musée d’Art Moderne Grand-Duc Jean (Mudam) se dresse sur les vestiges du fort Thüngen. L’architecte Ieoh Ming Pei y a imaginé un bâtiment de verre et de pierre claire, aux volumes sobres, qui s’ouvre largement sur le ciel. Les murs d’enceinte du XIXᵉ siècle sont intégrés au projet, créant un dialogue constant entre patrimoine militaire et création contemporaine.
le Mudam ne possède pas une collection historique fermée, mais développe une programmation vivante avec des artistes comme Sophie Calle, Ai Weiwei, Thomas Struth, Marina Abramović ou encore Jeff Wall.






La villa Vauban : https://itartbag.com/villa-vauban-un-fascinant-musee-dart-au-coeur-de-la-ville-de-luxembourg/
Luxembourg Art Week et la scène des galeries
Luxembourg Art Week : https://luxembourgartweek.lu/fr
Depuis sa création en 2015, Luxembourg Art Week s’est imposée comme une foire régionale à visée européenne, à la fois accessible, cosmopolite et prospective. Elle met en lumière les acteurs de la Grande Région et internationaux, tout en favorisant les échanges et projets transnationaux entre artistes, collectionneurs, galeristes et institutionsLa foire est divisée en trois sections : Main Section (galeries confirmées), Take Off (émergents) et Focus (thématique ou pays invité). Performances, conférences et rencontres complètent l’offre, transformant la semaine en un moment d’effervescence culturelle.
Les galeries d’art : La capitale compte plusieurs galeries reconnues, comme la Galerie Clairefontaine ou Valerius, ainsi que des lieux plus expérimentaux comme le Casino Luxembourg — Forum d’art contemporain. Ces espaces soutiennent la création locale et internationale, participant à la vitalité culturelle de la ville. Dont :
Nosbaum Reding, 2 et 4, rue Wiltheim, 2733 Luxembourg https://www.nosbaumreding.com/
Reuter Bausch Art Gallery, 14, rue Notre-Dame, L-2240 Luxembourg https://reuterbausch.lu/
Valerius Gallery, 1, Place du Théâtre, L-2613 Luxembourg https://www.valeriusgallery.com/
Zidoun Bossuyt, 6 rue Saint-Ulric, L-2651 Luxembourg https://zidoun-bossuyt.com/gallery/




Pour se restaurer :
restaurant Haerz , 44, Grand-Rue, L-1660 Luxembourg




Schuman Restaurant, 1 Bd Robert Schuman, L-2525 Ville-Haute Luxembourg






restaurant D‘Gëlle Klack, 1, rue Sigefroi, L-2536 Luxembourg



Brasserie Abtei, 28, rue Münster, L-2160 Grund Luxembourg






Pour se reposer :
Hôtel Mama Shelter, 2 Rue du Fort Niedergruenewald, L-1616 Kirchberg Luxembourg
« Luxembourg, une ville à découvrir par soi-même »
Facile d’accès, la ville de Luxembourg est une destination à part entière où chaque quartier est un chapitre différent : les places du centre racontent la vie civique, les casemates révèlent l’histoire militaire, le Kirchberg expose l’art public et l’architecture internationale. Entre les panoramas du Chemin de la Corniche, les silhouettes du Pont Adolphe et les verrières du Mudam, la capitale offre un équilibre rare entre patrimoine et innovation.
Le site de l’office du tourisme est très complet pour planifier un court ou long séjour en fonction de vos aspirations : https://www.luxembourg-city.com/fr
Véronique Spahis