Paysages tactiles

Depuis le 27 mars dernier, au sein de l’espace Mémoire de l’Avenir à Paris 20e, se tient l’exposition Paysages Tactiles. Particulièrement innovante, elle propose d’aborder les œuvres d’art avec une sensibilité nouvelle. Qu’est-ce qu’un paysage ? C’est la question à laquelle l’exposition nous invite à réfléchir, en déconstruisant nos a priori.

Le projet de Mémoire de l’Avenir

Mémoire de l’Avenir est une organisation à but non lucratif développant 4 pôles interconnectés : expositions, actions pédagogiques, recherches et médiations, dont le souhait est d’améliorer la société par le biais des arts et du patrimoine culturel.   

L’exposition Paysages Tactiles propose d’aborder le paysage dans ses dimensions physiques et mentales. Entièrement tactile, les œuvres nous invitent à appréhender l’art par d’autres sens que la vue, tels que le toucher et l’ouïe. L’expérimentation de ces paysages d’artistes créé des espaces de partage offrant aux visiteurs une nouvelle richesse de perception et d’échange autour des œuvres.

Les artistes

Delphine Gauly est diplômée de l’ENSAD et travaille depuis plusieurs années sur l’image imprimée. Elle a orienté une partie de son travail vers l’image tactile, développant progressivement la volonté de créer des espaces de partage entre non-voyants et voyants, afin de ne pas restreindre les arts à la vue. Ses œuvres Rafistoler et Alphabet Paysage illustrent ses recherches graphiques autour de la découverte du braille, placé sur des images tactiles. Ses œuvres sont accompagnées de textes d’Anne Mortal, spécialiste en poésie moderne.

Juliette Vivier est également diplômée de l’ENSAD. Sa pratique artistique tourne autour de l’estampe et de la gravure, travail qu’elle développe en volume. Ses Stalagmites en céramique nous invite à découvrir un paysage aux volumes plissés.

L’artiste Lamozé nous offre deux œuvres hybrides entre la photographie et la musique. Ad Urbe II est une sculpture musicale interactive questionnant notre rapport au paysage urbain. L’œuvre se révèle grâce au geste de l’observateur : les 5 modules disposés sur la surface cubique de la sculpture déclenchent une musique abstraite, variant en fonction des mouvements de chacun. La seconde installation, The (un)veiled Gaze est une œuvre synesthésique interactive permettant d’associer plusieurs sens afin de questionner notre appréhension de l’environnement. 

Diplômée des Beaux-Arts de Lorient et de l’ENSAD, Marie-Claire Corbel pratique le dessin, la maille, et enseigne la sérigraphie. Au sein de Paysages Tactiles, l’artiste propose deux ensembles d’œuvres textiles. Micro-jardins présente des compositions au format « poche », dont les textures diverses donnent à voir des paysages imaginaires. Le jardin d’Eden se compose d’œuvres textiles crochetées, sculptant le vide en créant des structures ajourées, inspirées de formes végétales.

Laura McCallum a étudié l’histoire de l’art et les arts plastiques au Scripps College et à l’Université de Washington. Sa série Maya I, II, III se compose de modules suspendus qui, réunis, forment un conglomérat de formes organiques. La liberté est laissée au visiteur de déplacer les cônes de gaze et plâtre pour créer un paysage à toucher et observer, devenant un lac, une montagne ou encore un cratère.

Pour un art solidaire et inclusif

Cette exposition nous invite à reconsidérer cette vision d’un monde de l’art trop élitiste. La mission de Mémoire de l’avenir est justement de concevoir des espaces de participation active et créative pour le public, en croisant les disciplines. Depuis 2016, l’association a créé le projet Humanities, Arts et Société en collaboration avec UNESCO-Most et le Conseil International de la philosophie et des Sciences Humaines, qui se traduit par une plateforme numérique, une revue interdisciplinaire et d’un programme d’événements publics.

La démarche inclusive de Mémoire de l’Avenir mérite une attention particulière en ces temps troublés, où le caractère primordial de la solidarité se fait ressentir. Du fait de la crise sanitaire, des précautions sont prises, les œuvres étant désinfecter régulièrement après chaque visite. La date du vernissage sera communiquée en fonction des nouvelles annonces gouvernementales. Ne manquez pas ce beau projet !

Julie Goy

Du 27 mars 2021 au 26 juin 2021 (prolongation possible)

Espace Mémoire de l’avenir, 45/47 rue Ramponeau 75020 Paris

Ouverture du mardi au samedi 11h-19h – Accès gratuit

Commissaires d’exposition : Marie-Cécile Berdaguer et Margalit Berriet

Artistes : Delphine Gauly, Juliette Vivier, Marie-Claire Corbel, Laura McCallum, Lamozé