À la croisée des chemins entre histoire, philosophie, culture et émotion, le musée national de l’histoire de l’immigration a rouvert les portes de sa galerie permanente depuis le 17 juin 2023 après 3 ans de fermeture et d’importants travaux de rénovation. Ces derniers ont notamment permis d’enrichir les collections comptant maintenant 6000 objets et œuvres, d’adapter l’exposition au jeune public avec des textes accessibles, ou encore d’élargir le champ d’exposition par le biais de témoignages, d’œuvres d’art cinématographiques ou même musicales.
C’est au sein du palais de la porte dorée que l’exposition a été entièrement renouvelée, l’objectif étant de raconter l’immigration par le biais d’une approche nouvelle. Anciennement dénommé le Palais des Colonies et construit en 1931, l’ancien musée était dédié à l’exposition coloniale internationale et accueillit près de 8 millions de visiteurs en six mois. Malgré les récents travaux qui ont permis de repenser l’exposition permanente, la structure et les pièces du musée sont d’origines, restées dans leur style art déco des années 30, comme le souhaitait l’architecte Albert Laprade qui voulait un musée moderne et simple.
Le parcours actuel ne raconte des faits que scientifiques et refuse toute politisation de sa démarche. Aussi, le regard du visiteur est éclairé par une perspective historico-chronologique, le musée veut en effet montrer que le temps présent, pour être compris, doit prendre en compte toute l’histoire qui le précède.
D’abord, l’histoire de l’immigration nous est racontée du point de vue universel et non seulement français. L’immigration ne peut se comprendre sans saisir l’ampleur des circulations, et c’est cela que veut démontrer l’exposition. La France doit être comprise comme terre de transit et comme pays d’émigration depuis des siècles, bien plus tôt que ce que l’on pense.
C’est au travers de onze dates clés que l’histoire de l’immigration est retracée par le biais d’archives, de photographies, de témoignages ou encore de créations artistiques.
Ainsi, le parcours débute en 1685, date à laquelle les premières législations en matière d’immigration sont apparues en France. Le code noir en est la première occurrence et permet de tisser l’histoire de cette immigration.
Exemplaire du code noir promulgué en mars 1685, ayant pour objet de préciser la condition des esclaves noirs au regard du droit :
A l’inverse de la précédente exposition qui terminait en 1990, le nouveau musée conclut le parcours au temps présent. Toute une coursive du palais y est d’ailleurs dédiée à la fin de l’exposition.
Présentation de la nouvelle coursive « Temps Présent » :
Cette dernière retrace l’histoire de plusieurs personnes, touchées de près ou de loin par les phénomènes migratoires. Par exemple, la vie de Mohamad Shahab Rassouli, un jeune Afghan sur les routes de l’exil, nous est racontée.
L’intention du directeur du nouveau musée est la suivante : montrer que les étrangers ont aussi fait la France, il serait d’ailleurs naïf de croire en une césure entre français et immigrés. De plus, on ne peut pas comprendre la France sans les notions d’esclavagisme et de colonisation. Ainsi, plus qu’un parcours historique rapportant des faits scientifiques, le nouveau Musée de l’Histoire de l’Immigration est un parcours émouvant, relatant la vie d’hommes et de femmes, de parcours complexes d’un point de vue juridique mais aussi personnel.
Nourrir l’opinion de l’observateur par le biais d’un parcours instructif menant à une rencontre avec l’homme, telle est la finalité de cette exposition à voir au plus vite.
Lou Brunet
Musée national de l’histoire de l’immigration, Palais de la Porte Dorée, 293 avenue Daumesnil, 75012 Paris
Du mardi au vendredi de 10 h à 17 h 30, samedi et dimanche de 10 h à 19 h