Rien, plus rien au monde

Le 12 février 2020, dans le petit théâtre parisien de la Contrescarpe, c’est une heure de monologue intense et prenant que nous a offert la pièce Rien plus rien au monde. Une femme, Juliette, seule, de classe ouvrière, rentre de ses courses, ayant profité de chaque promotion du supermarché. Mis à part le pineau, qu’elle aime de qualité. Dans ce monologue, c’est de sa vie dont elle nous parle. Son quotidien, ses déboires. Ses espoirs manqués, ses petits plaisirs. Ses craintes aussi, face à cette vie sans avenir. Un avenir monotone, sans rayon de soleil à l’horizon. Une vie de sacrifice, de sa part et de celle de son mari. Un manque d’argent pesant, moralement et socialement. « La petite » aussi, c’est une grande déception. Elle l’attendait, comme le messie qui les délivrerait de leur quotidien morne et de leurs soucis financiers. « La petite », avec sa beauté qui pourrait les sortir de la misère. Parce que la beauté c’est important pour une fille, la beauté ça rend bien à la télévision, et passer à la télévision, ça permet d’être bien payé. Mais rien, plus rien au monde ne pourra délivrer cette femme de son destin sans lumière.


Dans ce fabuleux monologue de Massimo Carlotto, l’actrice Amandine Rousseau réalise une prestation époustouflante qui mérite toute notre attention, prenant place dans une mise en scène simple et efficace de Fabian Ferrari. Son personnage torturé est fascinant, aussi bien dans le côté caricatural du personnage, que dans son effrayante vraisemblance. Cette rencontre nous pousse à nous interroger sur le fonctionnement de notre société qui, depuis tout temps, et de manière prépondérante aujourd’hui, est construite sur l’argent. Sans argent, pas de paraître, et sans paraître, pas de bonheur. Même les plaisirs simples, deviennent des plaisirs de consommation, qui sont refusés aux plus démunis, qui ne peuvent voir le bout du tunnel. Poussé dans ses retranchements, privé de tout, l’être humain n’a plus que ses pulsions premières pour lutter contre la vie. Alors, n’hésitez pas à rencontrer cette femme. Un spectacle à voir absolument pour se poser les bonnes questions !

Julie Goy

Rien plus rien au monde

De Massimo Carlotto

Avec Amandine Rousseau

Mise en scène Fabian Ferrari

Du 21 janvier au 31 mars 2020

Les mardis à 19h et mercredis à 21h

Théâtre de la Contrescarpe

5 rue Blainville 75005 Paris

Tarifs : plein : 26 € réduit : 13 € jeune : 11 €