Sacrés rubans (!) au Musée archéologique Saint-Laurent – Grenoble

Pour la troisième année consécutive, le Musée archéologique Saint-Laurent invite un artiste à prendre possession des lieux et à traduire ce que le site lui inspire avec sa sensibilité, son regard et sa pratique artistique.

Cette année – dans le cadre de la saison culturelle Des Habits et nous, initiée par le département de L’Isère – c’est l’artiste grenobloise rébecca(!)fabulatrice qui présente ses installations. S’emparant des rituels funéraires de différentes traditions religieuses, elle y mêle pratiques sacrées et profanes.

Sacrés rubans (!) – Installation

« Du réel à la fabulation. Les objets utilisés, souvent oubliés, rejetés, en dehors du goût, nous sont familiers parce qu’archétypaux ou quotidiens. Enrubannés, gainés, costumés, porteurs d’une mémoire, ils reviennent à nous, aimables et splendides. Le ruban de lingerie me permet de donner forme, perdre forme, greffer forme. Je crée des œuvres-cocons, hybrides, donnant à voir leur processus de transformation. Devant cette douce matière intime, nous sommes tous complices. Le ruban devient le lien. »

À l’aide de bretelles de soutien-gorge, l’artiste enrubanne, sculpte, donne du corps à des objets familiers souvent oubliés. Les œuvres ainsi créées rythment le parcours du Musée archéologique Saint-Laurent de manière douce et poétique.

Riche de références de l’histoire de l’art et des arts populaires, l’exposition permet de redécouvrir ce lieu atypique chargé d’histoire. Cordes, chapelets, offrandes, mobilier liturgique reprennent forme et retrouvent leur place…

Le Musée archéologique Saint-Laurent

De la nécropole du IVe siècle à l’église du XIXe siècle, Saint- Laurent a traversé le temps en conservant comme dans un grand livre ouvert, les traces additionnées de l’histoire depuis les origines du christianisme.

Plus de 1 500 sépultures ont été découvertes durant la campagne de fouilles, effectuées de 1978 à 1995 par Renée Colardelle et son équipe.

Bien visibles, les plus anciennes remontent au IVe siècle et les plus récentes au XVIIIe siècle, avec la présence de certaines pierres tombales de consuls de Grenoble morts vers la fin du XVIIe siècle. Cette succession de sépultures étalées sur une période de seize siècles a permis d’étudier l’évolution de la typologie des sépultures, les modes d’inhumation, les pratiques funéraires, ainsi que l’évolution des dépôts d’objets dans les tombes. Cette étude est très riche d’enseignements sur l’évolution des mentalités, des relations avec les défunts et des croyances religieuses.


Plus de 3 000 objets ont été retrouvés dans les couches archéologiques (sols, remblais) et dans les tombes dont la relation avec les différentes phases architecturales a été établie. Ces objets replacés dans leur contexte sont des témoins précieux pour les archéologues. Les éléments de datation renseignent également sur la mentalité des vivants, le type des objets déposés a, en effet, évolué considérablement durant ces quinze siècles d’histoire.

Le parcours commence sur un promontoire dominant la nef de l’ancienne église Saint-Laurent, permettant de découvrir les grandes étapes architecturales de l’édifice. A l’emplacement de l’ancien cloître, les vestiges sont désormais protégés par une couverture de verre et de métal de 450m² permettant aux visiteurs d’avoir une vision globale des parcelles fouillées.

La crypte Saint-Oyand est situé sous le chœur de l’église et présente un décor sculpté du Haut Moyen-Âge. Grâce aux recherches archéologiques menées depuis les années 1980, il est établi aujourd’hui qu’elle fait partie d’une église cruciforme construite au début du VIe siècle. Bien qu’appelée couramment crypte, la petite chapelle située sous le chœur de l’église haute n’a pas été conçue à l’origine comme une crypte et son enfouissement date de la construction romane. La crypte Saint-Oyand reste aujourd’hui l’un des rares monuments du haut Moyen Âge conservés en élévation en Europe. Le retour du circuit de visite est assuré par l’escalier à vis du clocher.

Du 16 février au 14 octobre 2024

Musée archéologique Saint-Laurent, Place Saint-Laurent, 38 000 Grenoble

de 10h à 18h, tous les jours sauf le mardi

photos : Véronique Spahis