4 expositions en simultané qui interrogent notre monde partagent l’affiche au Musée Paul Valéry sur les bords de la Méditerranée.
D’horizons divers, deux filles, deux garçons, chacun dans son espace dédié, proposent via sa démarche artistique un questionnement contemporain. Du Maroc à la Chine en passant par l’Italie, les cultures s’enrichissent. C’est ainsi qu’il faut appréhender des travaux effectués en solo sans connexion préalable.
La pureté des partis pris ouvre le dialogue avec le public. A chacun de choisir son chemin de connaissance, son fil rouge, à chacun de définir l’ordre de découverte des œuvres.
Stéphane Taroux, conservateur du lieu et commissaire de l’exposition, ajoute que « ces trajectoires individuelles sont loin d’être parallèles. Par de multiples croisements se dessinent les contours d’une expérience, où les questions éternelles de la condition humaine s’actualisent d’une manière qui est propre à notre temps ».
Justement, l’artiste Alain Campos, originaire de Casablanca et vivant à Sète, durant le confinement a suivi le fil bleu du rayonnement émis par nos écrans d’ordinateur. Ses acryliques sur toile rehaussées à l’huile narrent avec humour et délicatesse les affres de la relation au net, une reliance qui frôle l’étouffement, qui « enserre et vampirise » jusqu’à la « saturation ». Bleu comme l’enfer a écrit dans son temps Philippe Djian. Les étoiles bleues ne sont-elles pas les plus chaudes à l’instar de volcans jaillissants ?
Le doyen de l’exposition, Aroldo Governatori, en fait son terrain de prédilection en sublimant la lave du Vésuve dans ses variations en tempera sur impression numérique qu’il rassemble sous le vocable « la Voce del profondo ». Cette « incandescence » tellurique, ces « veines minérales », en alchimiste, il les transmute en joie intense avec toute son humanité, à moins que ce ne soit l’inverse. Aroldo est le Volcan.
Récemment sortie de la Villa Médicis, la cadette de l’exposition, Nissrine Seffar, nous emmène sur la trace d’autres feux élaborés par l’homme. Guernica en fut la première victime. Inlassablement, l’artiste multi technique en relève les stigmates. Du vide elle fait des pleins, du drame renait la couleur, l’essence de l’instant. Les matériaux détériorés collectés sur place s’animent en motifs témoins sans complaisance.
Du pire vers le meilleur, l’homme saura-t-il s’affranchir de ses propres liens ? « Human condition », les mannequins en résine recouverts de découpe de tissu (en écho à l’art traditionnel du papier découpé sous la dynastie Han) et ruban adhésif de l’artiste textile Zhang Hong Mei, se réfère à la statuaire chinoise en terre cuite, plus précisément « à la frontalité de l’armée de Xi’an ». Les couleurs primaires des tissus détournés en aplat traduisent « les peurs primaires » qui nous animent.
Cette exposition temporaire offre aux regards une centaine d’œuvres de l’infiniment subtil au panorama.
Avec le fil comme trame chromatique, ressentez l’accélération vertigineuse dans « City Speed » de Zhang Hong Mei. Plongez dans la mer « d’inquiétude » teintée de poésie matrixienne d’Alain Campos. Vivez la déflagration brute du « passage de l’Histoire » immortalisée par Nissrine Seffar. Enfin du « Visuel à la Vision », voyagez avec le rougeoyant « Sulfure de Mercure » d’Aroldo Governatori pour « délivrer » votre « Jérusalem » intérieure.
La petite carte concoctée par le Chef de « Midi là-haut » est un délice. Alors surtout déjeunez sur place en vous laissant porter par ces vers de Paul Valéry dans la proximité fantasmagorique du cimetière marin :
« Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes ;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée ! »
Texte et photo : Valmigot
du 12 février au 8 mai 2022
Musée Paul Valéry, 148, rue François Desnoyer – 34200 Sète
Du 2 novembre au 31 mars : Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h / Du 1er avril au 31 octobre : Ouvert tous les jours de 9h30 à 19h, sauf le lundi – fermé le 1er mai
www.museepaulvalery-sete.fr
Facebook, Twitter @museeValery – YouTube : Musée Paul Valéry – Sète
Instagram : museepaulvalery
Catalogue Editions Loubatières. Tarif. : 29 €