Songe, ô futur cadavre, Ephémère merveille, Avec quel excès je t’aimais

La Renaissance des femmes

La galerie Mémoire de l’Avenir, présente l’exposition du duo artistique « Liberté. Femmes magiques » composés de Riccarda Montenero photographe et plasticienne et de Faé A. Djéraba plasticienne, qui est issue de leur projet Merveille de la vie : « Songe, ô futur cadavre, Ephémère merveille, Avec quel excès je t’aimais ». Avec cette exposition le duo nous livre à travers photographies, installations et performances une histoire. Mais quelle histoire ?

C’est une histoire personnelle qui a inspiré ce projet, mais cette histoire individuelle est en réalité collective. Nous est conté ici, une histoire de violence et de domination sur la femme. Les femmes. Cette exposition nous livre le chemin difficile mais nécessaire pour se reconstruire, s’accepter en tant que femme, qu’individu et non pas comme une victime et cela se fait en trois chapitres : celui de la violence sur le corps et l’esprit, celui du soulèvement lors de la prise de conscience des évènements et enfin celui qui laisse entrevoir l’affranchissement et la libération.

Cette exposition dont le titre est tiré d’un poème d’Anna de Noailles : Poème de l’Amour, est détournée de son contexte premier pour nous interroger sur le rapport à la violence. Ainsi, sous forme de catharsis les trois artistes dont le duo et Sofia Valdiri, performeuse et écrivaine, nous offre de nous immerger dans le rapport à l’autre, le rapport à soi mais surtout sur le rapport à la liberté. En effet, la liberté tout comme la renaissance sont les maitres-mots de cette exposition. La liberté de se mouvoir, la liberté d’expression, la liberté de penser sont des notions perdues ou enlevées en conséquence de ces évènements violents. A travers ses photos Riccarda Montenero nous montre le chemin d’une femme qui souffre, puis de sa révolte pour reprendre sa place et ensuite le moment de sa libération. Ces images font échos à la performance de Sofia Valdiri « Victime non coupable » qui a été écrite et conçue par Riccarda, dans laquelle le langage corporel de Sofia illustre les photos que nous avons sous les yeux. Puis vient les photos de Faé A.Djéraba, au sol, sur lesquelles nous pouvons marcher et qui illustrent quant à elles la renaissance.

Il s’agit d’une exposition qui aborde un sujet actuel et complexe. En effet, aujourd’hui les violences, les abus, la domination que subissent les femmes sont au centre de toutes les conversations, autant dans les médias que dans les rues. Mais ce qui à été frappant avec ce projet ce ne sont justement pas ces photographies violentes et choquantes au contraire : ce sont ces photographies de Riccarda Montenero sur lesquelles posent Faé A. Djéraba. Ces images illustrent le parcours d’une femme qui est également celui de tant d’autres, pour réapprendre à s’aimer, à prendre conscience que son corps et son esprit lui appartiennent, à renaitre de ses cendres mais surtout à comprendre qu’elle n’est pas seulement une victime.

« Je ne suis pas seulement une victime, et j’insiste sur le « seulement » ». Cette phrase de Faé A. Djéraba m’a profondément marquée parce qu’il est vrai qu’une femme victime de violence n’est pas seulement une victime, c’est avant tout une femme, une mère, une sœur, une amie etc… C’est en ça, que cette exposition est importante. Elle est là pour montrer qu’il faut avancer pour soi, pour se sentir à nouveau libre et femme, pour pouvoir recommencer à aimer notre corps et à ne plus se sentir coupable des évènements.

Ainsi, l’exposition de « Liberté. Femmes Magiques » pose la réflexion sur l’origine de la violence qui a été pendant longtemps limitée à l’image du conjoint violent et qui aujourd’hui se superpose avec une société qui elle-même porte le visage de la violence et de la domination des femmes comme l’impérialisme économique et politique qui illustre cette société patriarcale.

Manon Quantin

Du 29 Février au 28 Mars 2020

Galerie Mémoire de l’Avenir – Arts and Society

45/47 rue Ramponeau, Paris 75020

Ouvert du mardi au samedi de 11h à 19h