Sous peine d’innocence

Sous peine d’innocence

Un excellent titre pour un film policier n’est-ce pas ?

Oui mais voilà, il ne s’agit pas d’une fiction mais d’un documentaire très fort sur une erreur judiciaire. La justice – américaine dans ce cas précis – a peur de l’erreur judiciaire et plus encore, de revenir sur sa décision. Sévérino a ainsi été emprisonné. Ses avocats lui ont demandé de se porter coupable mais lui a toujours résisté :

« Seule la vérité est le bon argument »

Il a « préféré » passer près de 30 ans derrière les barreaux plutôt que d’avouer ce qu’il n’était pas. Sa force de caractère lui a permis de résister aux pressions. Son histoire est à l’origine de la création de la Maison d’Abraham, créé par le Père Pierre, un français aumônier à Ricker’s Island. Le Père Pierre est envoyé par la Mission de France pour parcourir le monde et pose ses bagages en 1969 aux États–Unis, où il connaît maintes aventures qui le mènent du festival de Woodstock aux mines de Virginie où il sera chaudronnier et mécanicien. Il s’installe en 1969 dans le quartier de Bowery à New York et devient aumônier de prison à Rikers Island. Conscient de la nécessité d’aider les détenus à se réinsérer à leur sortie de prison, il fonde alors avec une religieuse d’origine belge, Simone Ponnet, la Maison d’Abraham, une maison alternative à l’incarcération dans le South Bronx.

 

Synopsis :

L’histoire d’une amitié indestructible et d’un récit unique dans les annales judiciaires américaines.
Un homme qui choisit de rester en prison pour conserver sa dignité… Ce détenu américain, soutenu par un aumônier français, va à lui seul tenter de vaincre les incohérences du système pénitentiaire des États-Unis et mettre en place une stratégie pour enrayer la récidive.  C’est l’histoire de deux destins qui vont se croiser dans le plus grand pénitencier du monde, à Ricker’s Island (New-York). La rencontre entre un prisonnier cubain et un prêtre français de la Mission de France. Deux héros face à une machine judiciaire implacable…

Sélectionné par le Festival international de cinéma et des droits humains 2017

 

Severino Diaz

Exilé cubain, Severino arrive à New York en 1969. Il y ouvre un salon de coiffure et vit le rêve américain avec sa femme et son fils. Quand Severino apprend la mort de son père, sa vie bascule. L’exilé sait qu’il ne pourra pas rentrer à Cuba pour l’enterrement de son père. Bouleversé par cet événement, il sombre peu à peu dans l’alcool et dilapide ses économies. Un soir de décembre 1981, il assiste à une bagarre dans un bar mal fréquenté. Un témoignage l’incrimine dans le meurtre d’un dealer. Severino a tout du coupable idéal. Son jugement devant la cour de New York le 11 mai 1983, ne sera qu’une parodie et le procès un enchaînement de dysfonctionnements et de malchance. L’avocat, commis d’office, est incompétent. Malgré le rapport balistique qui met son client hors de cause, le défenseur ne parvient pas à élaborer une défense efficace. On incite Severino à plaider coupable, en lui promettant une courte peine. Clamant son innocence, il est condamné à 15 ans de prison et incarcéré à Rikers Island, le plus grand pénitencier du monde. Quinze ans plus tard, la justice américaine lui offre une remise en liberté contre un passage aux aveux… Severino refuse. Il ne veut pas avouer un crime qu’il n’a pas commis. Il restera au total 25 ans en prison. Un homme va lui donner la force de rester debout : Pierre Raphaël.

La Maison d’Abraham

 

Après 40 années passées dans l’univers carcéral, Pierre Raphaël est hanté par une question récurrente : « La prison et après ?». Il sait que la récidive est un engrenage impitoyable pour les prisonniers et leur famille. Après cinq ans de réflexion et de travail pour trouver des fonds, la Maison d’Abraham voit le jour en 1993 avec pour objectif de transformer des petits délinquants en citoyens responsables. Travail avec des juges, activités et partage quotidiens avec des détenus. Installé dans le Bronx, l’établissement propose donc, sur décision du juge, de l’aide à des condamnés triés sur le volet, des non-violents. Ils y vivent en semi-liberté et réapprennent les valeurs de la vie en société. Un programme de soutien scolaire et la distribution de denrées aux mères les plus démunies complètent de dispositif. Très vite, l’institution fait ses preuves. Aujourd’hui, plus de cent cinquante familles y ont déjà été sauvées du naufrage, et l’on ne compte guère de récidivistes. Severino Diaz a insufflé l’idée de la création de cet établissement dont il est membre d’honneur.

Le réalisateur : Pierre Barnérias

Ancien grand reporter, Pierre Barnerias a travaillé pour les plus grands médias français à la télévision (Francetv LCI, TF1, M6), la presse écrite (Ouest-France) et la radio en tant que chroniqueur à France Info et rédacteur en chef pour RTL2. EN 2004, sa série documentaire sur le développement durable est saluée par toutes les critiques. il réalise plus de 40 magazines et documentaires pour Des Racines et des Ailes, Envoyé Spécial, Reportages. En décembre 2010, après avoir fondé Flair Production, il crée la société Tprod, qui se spécialise dans l’écriture de documentaires pour le Cinéma. En 2010, il réalise ainsi son premier long métrage documentaire pour le cinéma, Il était une foi, qui sera suivi en 2014 par M le troisième secret, une enquête toujours d’actualité dans les coulisses du Vatican sur un secret toujours gardé, celui de Fatima. Un film qui a nécessité 4 ans de tournage et dans 13 pays. Il est resté à l’affiche pendant plus de deux ans avec près de 70 000 entrées. Sous peine d’innocence est son troisième long métrage pour le cinéma.

Comment avez-vous découvert l’existence de Severino et pourquoi avez-vous décidé de réaliser ce film ? C’est en réalisant un magazine pour l’émission Reportages de TF1 que je découvre l’existence de Severino Diaz. Son interview derrière les barreaux a été l’un des moments les plus fort de ma vie de journaliste. Son histoire m’a bouleversée et a même changé ma vie. Or, quelques jours avant cette rencontre, je me suis retrouvé en garde à vue dans une prison du Bronx pour avoir filmé des vues aériennes du Bronx depuis un toit. Ces quelques heures passées du mauvais côté des barreaux m’ont fait toucher du doigt ce que peut représenter le mot «injustice». Une semaine plus tard, je découvre l’existence de Severino. En sortant en larmes de la prison, je me suis fait une promesse : ne jamais abandonner cette personne…

TPROD :

Créée en 2011 par Pierre Barnérias, TPROD se spécialise dans la production de films documentaires long métrage avec une écriture originale.
Les sujets évoqués sont souvent issus d’investigations de plusieurs années, ce qui donne à la production un caractère exclusif. C’est pour cette raison que TPROD a choisi la diversité des genres et des modes de diffusion, car il serait absurde de prétendre appréhender les choses différemment sans être soi-même en constante recherche d’un angle inattendu sur un sujet a priori banal, éculé.
Il n’est donc pas étonnant que TPROD dessine dès son « jeune âge » une ligne éditoriale nettement engagée : l’ouverture à l’autre, le développement durable, et plus largement la question de la citoyenneté occupent une bonne place dans les projets à venir.

Sous peine d’innocence
Réalisation : Pierre Barnérias
Image : Pierre Barnérias, Maureen Veyret, Bruno Mainguy
Montage : Benjamin Minet, Antoine Cook
Musique : Thierry Durel, Armel Joly
Production : Nicolas Reoutsky, TPROD
Durée : 1 h 34 min

Bande annonce : http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19567756&cfilm=253085.html

Sortie le 1er mars 2017

Après une projection presse, Sévérino était présent, de passage à Paris avant de rejoindre le Père Pierre (celui-ci est malade, atteint de la maladie d’Alzheimer) à Millau. Un homme d’une grande sincérité et humanité. Pierre Barnérias nous a parlé de ses attentes avec ce film qu’il a mis près de 4 ans à réaliser : que la justice reconnaisse son erreur judiciaire et qu’enfin Sévérino soit réhabilité.

Un message et un film à partager le plus possible….

Véronique Grange-Spahis